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3 euros par jour
- Action sociale, Famille
Description
A partir de ce reportage, les Éditions Albin Michel souhaitent publier un livre où Nelly raconterait son histoire et lui versent un acompte sur ses droits d’auteur. Sa vie bascule !
Elle avait auparavant basculé dans l’autre sens, par paliers successifs, après un temps d’insouciance partagée avec Eric (elle avait 20 ans et lui dix-sept) : petits boulots, sorties avec les copains, avortement, argent dépensé sans compter, recours aux crédits bancaires… et un temps de cohabitation dans un studio de 35 m² où ils accueillent successivement Maéva et Océane.
Très vite vont se conjuguer surendettement, exiguïté du logement, chômage ou précarité de l’emploi, puis le départ d’Eric laisse Nelly dans un grand désarroi. Contrainte de revenir vivre avec ses deux filles chez sa mère qui la soutient y compris financièrement, elle va traverser de nombreuses épreuves pour faire face : c’est la course aux allocations diverses et aux aides d’urgence ; c’est l’impossibilité de trouver des places en crèche quand on ne peut apporter la preuve d’un emploi et l’impossibilité de travailler quand on a en charge des enfants en bas âge ; c’est l’angoisse du lendemain et la hantise du placement des enfants ; c’est le remboursement sans fin des dettes contractées ; c’est l’action en justice pour obtenir le versement d’une pension alimentaire ; c’est le recours aux distributions gratuites et la récupération dans les encombrants ; c’est le ras-le-bol du suivi social et du suivi éducatif ; c’est l’inadaptation et la lenteur des réponses administratives pour une véritable sortie de misère… Toujours des aides chichement octroyées qu’il faut réclamer avec beaucoup d’énergie et de persévérance, simplement pour survivre quelques jours de plus …
Le récit est chaleureux. Nelly Zin aime écrire et sait nous introduire au cœur de ses sentiments, de ses émotions, de ses réflexions. « Je suis une mère célibataire parmi tant d’autres… J’espère que mes filles en grandissant ne m’en voudront pas d’avoir exposé ainsi notre vie, qu’elles me pardonneront les mots que j’écris sur leur père, qu’elles comprendront que j’ai pris ce risque pour elles, pour qu’enfin on s’en sorte. »
Le lecteur mesure l’héroïsme de ceux et celles qui quotidiennement tentent de remonter la pente pour pouvoir enfin vivre à nouveau comme tout le monde. Il ne peut pas ne pas s’indigner devant l’impuissance ou la carence des aides publiques et privées, devant l’incurie sociale et politique dont fait preuve notre société vis-à-vis de ses membres les plus en difficulté, eu égard à leurs droits fondamentaux qui devraient être les mêmes que ceux de leurs concitoyens. Il y a une obligation morale à repenser le service social.
Heureusement la postface de Caroline Fontaine, journaliste à Paris Match, rappelle ce « défi que les pouvoirs publics n’ont pas encore réussi à relever ».
Daniel Fayard
Albin Michel – 2010 – 227 p.