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100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance
Analyse
Rôle de l’ASE
Le principal impératif des gouvernants étant la réduction des dépenses sociales, les financements de la prévention ont été rognés ou supprimés, c’est ainsi que les éducateurs de rue ont été parfois remplacés par de la vidéo-surveillance, et que les délais d’attente dans les centres médico-psychologiques se sont allongés.
Tout l’enjeu, pour un travailleur social, est de comprendre le point de vue de son interlocuteur et non de l’approuver ou de le juger. Il faut identifier son cheminement, sa logique propre pour ouvrir la voie non à une approche commune mais à une compréhension mutuelle, amorce d’un accompagnement véritablement respectueux.
Les lieux de placement
Le placement chez un autre membre de la famille peut entraîner un risque de conflit de loyauté. Il est bien plus confortable parfois que l’accueil se fasse dans une famille étrangère au réseau familial.
Les lieux de placement saturent ; les familles d’accueil partent en retraite sans être remplacées ; les places d’urgence manquent ; les décisions prises par les juges ne sont pas toujours exécutées. Les listes d’attente explosent et les délais d’intervention s’allongent. D’où des enfants qui vont de plus en plus mal.
Il ne faut pas séparer les fratries mais comment faire quand on peine à trouver une place pour un enfant ?
La sortie de l’ASE
Selon l’INED : 29% des enfants placés disent être sortis de l’Aide sociale à l’enfance de leur propre chef ou d’un commun accord avec les travailleurs sociaux ; pour 27% la sortie leur a été imposée ; 36 % déclarent que leur prise en charge s’est arrêtée trop tôt.
« Le délai nécessaire de maturation pour entrer pleinement dans la vie adulte est dénié aux jeunes qui sortent de l’ASE. »
C’est là un mauvais calcul économique « car sans ressources, sans appui et sans perspective, celui ou celle qui est ainsi abandonné à son triste sort va plus difficilement s’insérer, n’ayant d’autre choix que de devenir dépendant des minima sociaux, voire pire : être tenté par une délinquance de survie »
Avec la pénurie actuelle de lieux de placement, la place libérée par un départ est aussitôt prise, rendant impossible un retour dans le dispositif pour un jeune qui le souhaiterait.
Les enfants de l’ASE font plutôt des études courtes pour différentes raisons : milieu d’origine, enfance compliquée et parfois aussi encouragement de l’ASE qui ne souhaite pas financer trop longtemps.
L’ASE mise en cause
Selon une étude publiée en 2016 : le temps professionnel que les travailleurs sociaux consacrent à leurs relations directes avec les familles d’enfants placés aurait diminué, « passant de 61% à 33% au bénéfice du temps partenarial et surtout du temps réservé aux réunions et aux écrits ».
D’autre part les enfants placés changent trop souvent de travailleurs sociaux. Pour l’éviter, il faudrait à ceux-ci de meilleurs salaires, des moyens supplémentaires, et une vraie reconnaissance de leur métier. Car il y a un risque que la marchandisation et la logique financière finissent par gangrener le travail social.
Annick Mellerio
Presses de l’EHESP – 2024 – 320 p.