Entrez votre recherche ci-dessous :

Le Prix Nobel d’économie attribué à Esther Duflo pour ses travaux sur la pauvreté

La Française Esther Duflo, professeure d’économie aux États-Unis, obtient le Prix Nobel d’économie pour ses travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde. ATD Quart Monde se réjouit de cette récompense.

Esther Duflo, Abhijit Banerjee et Michael Kremer sont lauréats du prix Sveriges Riksbank d’économie 2019, équivalent du prix Nobel pour les économistes, « pour leur approche expérimentale de la lutte contre la pauvreté dans le monde », annonce l’Académie royale des sciences de Suède, le 14 octobre 2019. Les travaux de la Française Esther Duflo, professeure d’économie au Massachusetts Institue of Technology (MIT), reposent sur de nombreuses expérimentations menées à travers le monde par le Laboratoire d’Action contre la Pauvreté, pour mesurer l’impact réel de micro-politiques sur la pauvreté.

Ce laboratoire, dont elle est membre fondatrice avec Abhijit Banerjee et Sendhil Mullainathan, également professeurs au MIT, a développé une méthode d’évaluations aléatoires pour tester des programmes sociaux et améliorer l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté. Esther Duflo et Abhijit Banerjee ont notamment co-écrit en 2012 l’ouvrage Repenser la pauvreté qui s’intéresse aux choix qu’opèrent les personnes en situation de pauvreté en matière de consommation, de mode de vie et d’éducation. Elle est également  la première titulaire d’une chaire au Collège de France sur les « Savoirs contre la pauvreté ».

Les travaux conduits par les trois lauréats « ont introduit une nouvelle approche pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde », souligne l’Académie royale des sciences.  « Malgré de récentes et importantes améliorations, l’un des défis les plus urgents de l’Humanité est la réduction de la pauvreté dans le monde, sous toutes ses formes », précise-t-elle. Les trois économistes se partageront le prix de 9 millions de couronnes, environ 830.000 euros, pour approfondir leurs recherches.

Changer la perception de la pauvreté

Ce prix récompense pour la troisième fois un économiste travaillant sur la question de la pauvreté, après Amartya Sen, récipiendaire en 1998 et Angus Deaton, lauréat en 2015, ce qui est « positif », selon ATD Quart Monde, qui se réjouit de cette distinction. Le Mouvement salue les recherches menées par ces trois économistes « qui croient en l’action » et  estiment que la pauvreté n’est pas une fatalité.

Esther Duflo pointait en 2012 dans une interview « l’importance de prêter l’oreille à ce que [les pauvres] ont à dire, d’analyser leurs motivations et leurs décisions, si on veut constituer une boîte à outils de politiques plus efficaces »,  ce qu’ATD Quart Monde soutient.

Plusieurs rencontres et visites des projets d’ATD Quart Monde ont permis d’entamer un dialogue avec les économistes sur le fait qu’en plus de leur effort important pour objectiver les résultats de l’action, il est précieux et complémentaire d’associer les personnes en situation de pauvreté à l’analyse de l’action à partir de leur expérience et de leur pensée pour comprendre et co-construire l’action. Lors de ces dialogues Esther Duflo s’est montrée très sensible à l’idée de la recherche des plus pauvres et de leur contribution, ce qu’elle considère comme une manière d’aller jusqu’au bout de la lutte contre l’exclusion.

Considérer les personnes en situation de pauvreté comme co-chercheurs et comme sources de savoir, c’est possible : ATD Quart Monde, en collaboration avec l’Université d’Oxford, a ainsi conduit une recherche internationale participative menée dans 6 pays et déterminant neuf dimensions interdépendantes de la pauvreté. Les résultats de cette recherche ont été présentés le 10 mai dernier à l’OCDE, et l’étude consacrée plus spécifiquement à la France a été dévoilée le 17 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère.

 

 [Article modifié le 18 octobre 2019]