Entrez votre recherche ci-dessous :

Pour sortir de la peur et de l’impuissance, il faut se mettre à travailler ensemble

Miguel Benasayag a créé des « universités populaires – laboratoires sociaux » en Argentine, au Brésil et en France. Le 3 mars dernier, il participait au débat « Faut-il réinventer l’éducation populaire ? » au forum Agir contre la misère à la cité de la Villette.

Forum Misère 2013« Nous voyons fleurir partout des universités populaires. C’est un peu un effet de mode, mais cela correspond aussi à quelque chose de fond qui parle d’un monde devenu très complexe, très dur et sans espoir, où les gens se sentent de plus en plus dans une impuissance, une incompréhension, un état de souffrance. Le développement de plein de formes d’universités populaires montre que l’on essaie de comprendre ce qui nous arrive, pourquoi nous n’arrivons pas à nous en sortir. Les universités populaires Quart Monde et mes universités populaires – laboratoires sociaux sont nés avant cette « mode » de l’université populaire. Quel est le défi de l’éducation populaire aujourd’hui ? Il y a à mon avis deux défis fondamentaux.

Tout d’abord, celle-ci ne peut pas être simplement des cycles de conférences qui ne parviennent qu’à informer les gens un peu mieux. Mais pour agir, être informé ne suffit pas. On peut suivre 15 ou 20 conférences sur les OGM, on ne saura rien, vraiment, sur les OGM (1). Car la seule possibilité de sortir de l’impuissance est cette

éducation populaire qui peut nous relier immédiatement à des pratiques de vie concrètes.

Le second défi est de ne pas tomber dans le « café du commerce » où, par un grand souci de démocratie, on pense que de l’égalité va sortir la vérité. Or ce ne sont pas de simples groupes de parole qui vont pouvoir faire face à la complexité du monde et à la difficulté d’agir.

Ce que nous faisons avec les universités populaires – laboratoires sociaux, c’est un effort pour produire localement des savoirs. Il faut créer des lieux pour permettre à ceux qui ont un vrai désir de compréhension et de libération de se mettre au travail. Je ne conçois pas l’éducation populaire sans un vrai travail. Cette production de savoirs doit s’articuler avec des gens qui savent des choses. Nous devons nous approprier ce qu’ils savent pour le structurer dans des projets de solidarité.

Résistance et savoir sont inséparables. Depuis très longtemps, ATD Quart Monde dit que quand on va très mal, il faut se mettre à étudier ensemble. C’est pourquoi je dis que je suis allié à ATD Quart Monde. »

→ À voir : le film « L’université populaire laboratoire social de Ris Orangis »

À lire aussi :
Maurice Dubois : …
Universités Populaires :..
A savoir sur les Universités Populaires
Universités Populaires : il faut du temps