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Rencontre du réseau du 1er décembre 2007

Thème de la Rencontre 1/12/07:

« Comment faire participer les plus pauvres à la vie de la cité »

La commune est le premier lieu ou se construit la démocratie, le premier lieu ou elle s’apprend et se partage.

Il n’y a pas de véritable démocratie là où des citoyens ne peuvent s’exprimer parce qu’ils ne sont ni identifiés ni reconnus, là où les conditions de vie sont si dures qu’elles condamnent ceux qui les vivent au silence et parfois à l’oubli.
Le Mouvement ATD Quart Monde sous l’impulsion de son fondateur Joseph Wrésinski dès sa création, s’est mobilisé pour que la dignité, les droits, et le savoir d’expérience des plus démunis soient reconnus comme constitutifs d’une véritable citoyenneté.

Alors que dans quelques semaines nous serons appelés à renouveler nos conseils municipaux nous devons nous poser la question suivante :  « Comment faire participer les plus pauvres à la vie de la cité » . Quel équilibre, quelle richesse, quel intérêt la collectivité peut-elle attendre d’une participation effective des plus pauvres à la vie de leur cité ?

Tenter de répondre à cette question, c’est en premier lieu poser quelques évidences :

La seule couverture des besoins vitaux qui trop souvent comble l’expression de notre compassion nous permet souvent de faire l’économie de toute analyse sur les contextes politiques et sociaux, elle aboutit à l’érosion de la responsabilité de ceux qui en bénéficient : un modèle social que les pauvres rejettent.

Alors si nous souhaitons donner un visage humain à nos cités grandes ou petites sans qu’il soit blessé par une pauvreté que nous n’aurons pas su réduire, c’est d’abord dans nos villes, nos villages, nos quartiers que tout commence ; même si l’Etat doit rester le garant de l’orientation des politiques sociales et souvent des moyens qui vont avec.

Nos interrogations porteront sur les points suivants :

– Avons-nous tous dans nos instances : élus et collaborateurs d’élus la ferme volonté de reconnaître l’existence des plus pauvres, de susciter leurs paroles, d’entendre leur volonté de vivre autrement ?
– Sommes-nous prêts à identifier les résistances qui se manifestent à l’intérieur de nos débats, à affirmer que le statut de citoyen à part entière auquel ont droit les plus démunis nous impose une analyse de nos propres responsabilités ?
– Sommes convaincus que le souci des plus pauvres doit devenir une préoccupation partagée par une majorité de nos concitoyens, et comment y parvenir ?
– Sommes-nous prêts à devenir inquiet pour l’autre, car nous savons que son existence n’est pas celle qu’elle devrait être, que notre responsabilité est engagée et que tôt ou tard si nous ne faisons rien notre propre dignité s’en trouvera altérée ?

Si nous sommes décidés à ne plus supporter l’intolérable, il nous faut :

– Identifier les personnes ou les familles qui souffrent de la grande pauvreté dans notre cité. Peu connus et souvent non reconnus par une majorité d’entre nous il faut nous assurer que ces personnes ou ces familles une fois identifiées ne seront pas considérées comme un groupe suspect et indocile auquel nous serions tentés d’assigner des comportements définitifs.
– Existe-t-il des structures associatives qui peuvent nous y aider et quelles sont-elles ?
– Savons nous ou les très pauvres peuvent se rassembler ? Spontanément ou avec l’aide de qui ? Font-ils parti d’un collectif ? Ou convient-il d’en suggérer un ? S’ils se réunissent, bénéficient-ils d’une parole libre ?
– Quelles sont les conditions d’une parole libre ? Dans quel lieu doit-elle s’exprimer ?
– Si nous savons écouter la parole des plus pauvres, nous serons conduits vers une autre réalité sociale.
– La parole doit-elle être accompagnée? Par qui peut-elle l’être ?
– La parole doit être multiple, une seule voix ne peut être retenue pour porter toutes les autres.
– Individualiser la parole c’est isoler celui qui parle sans pouvoir le rattacher à un sens collectif ou à un projet politique. La parole qui sert à comprendre et à déchiffrer l’autre casse les stéréotypes.
– Une formation est-elle souhaitable, nécessaire pour ceux qui seront chargés de recueillir la parole ? Quelle est notre expérience dans ce domaine ?
Comment incorporer des représentants de la grande pauvreté (et leur appui) dans des groupes de travail destinés à faire des propositions aux commissions municipales…de façon à faire « avec » et non « pour ».