Entrez votre recherche ci-dessous :

« Quand on est issu de la précarité, on n’est pas regardé de la même façon »

Mon père et ma mère ne parlaient pas un mot de français et ils pensaient que l’école c’était l’avenir…Je pense la même chose.

Mon fils Jonathan est en 6e au collège. J’ai été surprise par un coup de fil de l’assistante sociale qui me reproche mon manque de contact avec les professeurs et me dit qu’il y a problème avec Jonathan.
Jonathan cachait les mots. Il arrivait en retard à l’école (Jonathan expliquera qu’il avait peur d’un gamin plus costaud qui l’agressait)
Jonathan est très  bébé .
J’ai pris rendez-vous avec la principale .Un soutien scolaire tous les soirs au collège financé par le conseil général a été organisé.
L’école c’est important…. Il faut qu’il ait des bases , il a les capacités il n’aime pas quand il y a quelque chose d’injuste. ..
A l’école primaire il y a eu une équipe éducative pour l’orientation de mon fils. La psychologue m’avait convaincu qu’il fallait un suivi pour Jonathan.
Jonathan a souffert de la mort de son oncle, il avait tendance à aller vers les enfants violents, il était très angoissé, ne dormait pas la nuit.
Une grande table avec assistante sociale, psychologue, médecin, rééducateur enseignant, directeur m’attendait. C’était très impressionnant, très inquiétant.
Je l’ai mal vécu, pourquoi l’assistante sociale est-elle là ? Quand je la sollicite pour changer de logement elle ne sait rien, chaque fois que lui demande quelque chose elle ne me l’accorde pas.

Quand on est issu de la précarité, on n’est pas regardé de la même façon. Quand on n’a pas de fric, on n’est pas capable d’élever ses enfants.
Aujourd’hui , j’ai 45 ans, je n’ai pas eu les mêmes chances que les autres…. Je ne pourrai jamais voyager….j’aurais adoré être infirmière, on m’a orienté sur un CAP que je n’aimais pas du tout.
J’ai fait une tentative de suicide à 17ans.
J’ai dû arrêter l’école et j’ai travaillé très vite. J’avais un conseiller avec qui je parlais beaucoup.
Il y a eu les TUC (Travail d’Utilité Collective), il y avait 20 places à M., ils ont attribué les places mais il n’y en avait aucune pour moi.
J’habitais dans une cité !
Je suis allée à la préfecture, j’ai rencontré Mr M .
J’ai été nommée dans les bureaux de Mr B (son regret était que je n’ai pas pu continuer mes études)
J’y suis restée 1an et demie. Après mon père est décédé, j’ai travaillé pour aider ma mère.

Il n’y a pas d’égalité des chances, s’il n’y a pas d’argent, aucune porte ne s’ouvre.
Au niveau des études, il faut qu’on donne aux pauvres la possibilité de faire des études..
Les jeunes qui savent que leurs parents ne peuvent pas payer… n’imaginent même pas faire des études ! Ils sont obligés de travailler de leurs mains.