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Thomas Pizard : « Il y a une vraie dimension militante dans le volontariat »

À 26 ans, Thomas Pizard a déjà un long parcours d’engagement derrière lui. Le 1er août, il va commencer sa mission à la maison de vacances familiales de La Bise, dans le Jura, en tant que volontaire permanent.

« J’ai en moi une colère par rapport au monde qui ne tourne pas rond. » Cette colère, Thomas la ressent depuis longtemps déjà. Mais il avoue qu’au départ « c’était assez intellectuel, une révolte en chambre ». Son « envie de changer le monde » le pousse à s’engager dans plusieurs associations après le lycée, puis à « franchir le pas du militantisme partisan » aux côtés de la France insoumise en 2017, à 23 ans. « C’était la première fois que je militais politiquement. J’en suis ressorti un peu déçu par la forme électoraliste du militantisme. » Le jeune homme comprend alors que « la colère ne peut pas être qu’intellectuelle » et cherche à « trouver du sens dans un engagement avec ceux qui ont la vie la plus dure, pour mener avec eux un combat fondamental contre la pauvreté ».

Discussions passionnées

Cette quête de sens est aussi bien présente dans sa vie professionnelle. Après des études d’histoire et de sociologie, Thomas a commencé une thèse en histoire contemporaine. Mais, peu à peu, il ne voit plus « la finalité d’un vaste travail de recherche qui allait terminer sur l’étagère d’une bibliothèque ». Parallèlement, il s’engage dans une association d’éducation populaire de Dole et auprès des mineurs non accompagnés. « Je consacrais de moins en moins de temps à la thèse et de plus en plus à mes engagements bénévoles, donc cela ne pouvait pas durer. Le hasard fait bien les choses, c’est à ce moment-là, fin 2018, que je rencontre deux volontaires permanents d’ATD Quart Monde, Denis et Nathalie. Ce dont ils me parlent fait sens pour moi. » Il ne connaît alors le Mouvement que de nom.

Il rejoint en février 2019 le groupe jeunes qui est en train d’être recréé dans le quartier des Mesnils-Pasteur à Dole, devient enseignant bénévole de français à l’École de production Eccofor, puis participe à un chantier jeunes, au début de l’été, à la maison de vacances familiales de La Bise. « La magie du lieu opère tout de suite. Je tombe amoureux de l’endroit et je suis passionné par les discussions que j’ai avec les volontaires permanents, les alliés et les militants Quart Monde. »

Découverte du volontariat

Le « déclic le plus important » se fait lors de la rencontre nationale des jeunes en Bourgogne, début août 2019. « Je me suis pris une claque avec le discours d’ouverture de Martine Le Corre », militante Quart Monde, membre de la délégation générale. « Ce qui m’a touché, c’est le fait qu’elle décrive l’essence politique du Mouvement. Cela me parlait vraiment. Il y avait une ambition et un souffle dans son discours.» L’idée de rejoindre le volontariat permanent fait alors son chemin. Thomas décide d’arrêter la thèse et se donne un an pour mûrir son choix. Il participe à deux séjours à La Bise, en tant qu’accueillant. « J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement d’ATD Quart Monde. J’ai été impressionné par l’absence de hiérarchie, le fait que le travail d’équipe soit très important, que les volontaires ne soient pas des professionnels et qu’il y ait une vraie dimension militante dans le volontariat. Ce qui m’a marqué, c’est le fait de se déposséder d’un certain nombre de choses et d’apprendre de ceux qui ont la vie dure, d’être à égalité avec eux en passant des vacances ensemble. »

Les trois week-ends de découverte du volontariat auxquels il participe lui permettent ensuite de faire la connaissance de personnes « qui n’ont pas forcément le même parcours, mais sont dans le même questionnement ». Au-delà des discussions, Thomas se sent à sa place dans les moments de chantiers proposés pendant ces week-ends. « Cela me plaît beaucoup de revenir au travail manuel. C’est le moment où l’on ne peut pas mentir face à la tâche. Je ressens le besoin d’être utile et de faire quelque chose d’authentique, de vrai et de gratuit. Cela me donne envie de faire ce chemin dans le volontariat. »

Il lui reste maintenant à expliquer son choix à ses parents, qui ne comprennent pas trop sa décision pour l’instant. « Ce n’est pas nécessairement ce qu’ils espéraient pour moi, même si je pense que c’est eux qui m’ont donné l’envie et la force d’envisager cet engagement-là, par l’exemple qu’ils ont pu me montrer et les choix qu’ils ont pu poser dans leur vie. » Pour lui, c’est sûr, sa place est maintenant au sein de ce « mouvement politique de lutte contre la misère » et il ne conçoit pas l’engagement « sans une prise de risques, relative et mesurée, y compris celui que cela ne marche pas ». Thomas commencera sa mission en tant que volontaire permanent le 1er août, à La Bise. « C’est génial de débuter sur un projet pilote de vacances pour tous, de pouvoir vivre avec des gens qui viennent se ressourcer dans ce lieu merveilleux. » Julie Clair-Robelet

Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juillet-août 2020.

 

Photo : Thomas Pizard, à droite, avec Abou, dans le groupe jeune en juin 2019. © Denis Gendre