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Les stagiaires de la seconde promotion d’OSEE mettent en lumière leurs compétences

L’expérimentation OSEE (Osons les savoirs de l’expérience de l’exclusion) se poursuit depuis le mois de janvier avec une seconde promotion de 28 stagiaires. Un groupe de travail se réunira ensuite pour réfléchir à l’essaimage du projet.

« OSEE, c’est pour moi une chance de voir enfin un projet professionnel aboutir. » Edith a intégré en janvier la seconde promotion de l’expérimentation lancée en 2019 par ATD Quart Monde et est très enthousiaste. La vie en groupe, qui faisait partie de ses « angoisses » et les trajets entre Perpignan, où elle habite, et la région parisienne n’ont pas entamé sa motivation. Tous les quinze jours depuis trois mois, elle a alterné les formations au centre national d’ATD Quart Monde, à Montreuil, et au Greta MTE 93, établissement public de formation continue des adultes de Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers.

Ce parcours de formation est destiné à des personnes ayant une expérience vécue de précarité, investies dans des associations et ayant souvent quitté le système scolaire sans diplôme. Après une année de préqualification, les stagiaires pourront présenter leur candidature pour entrer dans la formation qualifiante qu’ils auront choisie, dans le domaine de l’intervention ou de l’animation sociales. « Cela fait des années que je ne sais plus vers qui me diriger au niveau du travail. Quand on arrive à un certain âge et qu’on n’a pas une carrière toute tracée, on nous prend nulle part », poursuit Edith, qui estime qu’elle apprend peu à peu à reprendre confiance en elle dans le domaine professionnel, mais aussi à « se réconcilier avec l’informatique ».

Valorisation des savoirs d’expérience

Au cours des premiers mois, les stagiaires ont travaillé sur la valorisation des savoirs d’expérience, sur leurs savoir-faire et leurs savoir-être. « On apprend pas mal de choses sur soi-même. Cela peut remuer psychologiquement, mais ça met en lumière des compétences », constate Monique, stagiaire. « Je ne me rendais pas compte de mes capacités. J’ai pu voir qui je suis et ce dont je suis capable. Ça m’a reboostée. Du coup, chez moi, je me suis remise à l’anglais et aux dictées. Maintenant, je me donne l’autorisation de m’occuper de moi », ajoute Christine, également stagiaire.

Tous ont des expériences très différentes, se sont engagés dans des maraudes auprès des personnes sans domicile, dans l’accompagnement de personnes âgées ou dans des actions collectives de prise de parole. « C’est bien de se remémorer tout ce qu’on a fait, les bonnes et les mauvaises expériences. Avec cette formation, je suis sûre qu’on va s’étonner. Ça permet aussi de reprendre un rythme, de prendre les transports… », précise Florence, stagiaire.

Trois axes de formation

« Le groupe est très motivé. Il y a beaucoup de bienveillance. Certains ont découvert des capacités qu’ils ne pensaient pas avoir, à travers le regard des autres et l’échange en collectif », constate Pascale Budin, co-pilote de l’expérimentation. Elle regrette cependant que le projet n’ait pas réussi à rassembler cette année 50 stagiaires. « C’est le petit bémol, principalement en raison de la complexité pour recruter des jeunes. Nous avons eu des contacts avec une cinquantaine de structures en lien avec des jeunes, mais elles n’ont pas proposé de candidatures », explique-t-elle. La situation sanitaire n’a en outre pas facilité le recrutement de stagiaires, qui craignaient parfois la pandémie ou n’avaient pas de pass vaccinal, demandé notamment pour prendre le train.

Pour les 28 stagiaires présents, le programme de la pré-formation, co-construit avec le Greta, s’articule autour de trois axes : la découverte des milieux professionnels, des métiers, avec des interventions de professionnels, des enquêtes de terrain et des périodes de stages ; la construction du projet professionnel, avec notamment la préparation des dossiers de candidature ; le travail sur les compétences de base nécessaires pour pouvoir s’inscrire dans une formation qualifiante. Au-delà du travail réalisé avec le Greta, les stagiaires ont un programme personnalisé pour palier d’éventuelles lacunes en français, en mathématiques ou encore en informatique. Chaque stagiaire est accompagné par une personne ressource.

Fin de l’expérimentation en avril 2023

« Nous avons appris de l’expérience de la première année et revu le contenu pédagogique. C’est aussi le but d’une expérimentation », souligne Pascale Budin. Sur les 36 stagiaires de la première promotion qui sont allés au bout de la formation pré-qualifiante, 21 ont rejoint une formation qualifiante ou ont trouvé un emploi et cinq sont en cours de candidature. L’objectif est désormais de réfléchir à la manière de faire essaimer le projet, après l’arrêt de l’expérimentation en avril 2023. « L’équipe d’évaluation commence à mettre en place un groupe de travail, avec des formateurs d’instituts de travail social, pour voir les conditions à mettre en œuvre pour continuer à expérimenter », explique-t-elle.

Pour Edith, quelle que soit l’issue de cette expérimentation, cette année de pré-formation lui aura permis d’être « beaucoup plus à l’aise pour aller vers le domaine professionnel et même d’avoir l’envie de créer quelque chose ».

 

Photo : Les stagiaires de la seconde promotion d’OSEE au Centre national d’ATD Quart Monde à Montreuil, le 16 mars 2022. © JCR