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« L’emploi et nous, quelles aides, quel accompagnement ? » – Université Populaire de Champagne Ardenne

L’emploi était l’un des sujets choisis en début d’année par les participants de l’Université Populaire Quart Monde (UPQM) en Champagne-Ardenne. La réflexion menée lors d’une UPQM en mars, avec un invité chef d’entreprise, s’est prolongée sous forme ouverte lors d’une réunion « Acteurs dans la société » le 6 juin avec un directeur d’agence Pôle Emploi (PE).

Celui-ci a présenté les missions actuelles de PE, le rôle des conseillers qui est d’amener vers des secteurs plus ouverts, en tenant compte des souhaits des personnes et avec leur accord, et en s’appuyant sur leurs compétences.

Les compétences, c’est différent des diplômes, le dialogue avec le conseiller doit aider à les mettre en avant. Par exemple dans une entreprise de téléphonie il faut à la fois répondre au client au téléphone et gérer 2 écrans pour trouver les infos qu’il demande, même sans diplôme la plupart des jeunes ont cette compétence de gérer 4 dialogues en même temps.

Pour les personnes qui ont peu d’expérience, qui veulent découvrir en pratique un métier ou vérifier l’idée qu’elles s’en font, parfois avant d’entrer dans une formation qualifiante, l’invité a orienté vers la possibilité de périodes d’immersion ou PMSMP (période de mise en situation en milieu professionnel), sur convention entre une entreprise et PE (ou la Mission locale ou Cap Emploi). Ce n’est pas rémunéré mais il n’y a pas d’impact sur les droits (CAF, chômage…), ce n’est pas à déclarer. C’est un moyen de mettre un pied dans l’entreprise avec un employeur qui n’aurait peut-être pas accepté sur CV.

L’inscription se fait par la création de son espace personnel sur internet ; on peut utiliser les postes en libre accès, ou se faire aider si on n’est pas à l’aise sur internet, pour mettre son CV en ligne et se créer un « profil de compétences ».  Cela permet d’être vu directement par les employeurs. D’ailleurs, on peut créer son espace personnel même si on a un emploi, par exemple si on veut changer.

Après avoir présenté les dispositifs proposés par PE au niveau national, l’invité a développé une expérimentation menée dans son agence et qui devrait s’étendre à Reims : « Trait d’union ».

L’idée vient du constat que malgré le contexte actuel de reprise d’emploi, il y a des personnes qui restent en chômage très long, avec d’autres difficultés qui empêchent de revenir durablement vers l’emploi ; lorsque PE détecte ces freins, il mobilise des partenaires qui peuvent agir.

Les freins repérés qu’il a cités sont : le logement, la santé, le surendettement, la mobilité, pas de permis, l’âge, les addictions, les « accidents de parcours », l’alimentation…

Actuellement PE travaille avec 12 partenaires : Banque de France, CPAM, ANPAA (addictions), CCAS, AGIS 51 (garage solidaire), le SIAO (logement)…

Comment ça fonctionne ? En accord avec le demandeur d’emploi, le conseiller sollicite un partenaire qui doit contacter le demandeur dans les 48h. Puis le partenaire fait un retour, et quand le frein est « levé » PE reprend contact pour chercher un emploi. Exemple d’une personne qui vivait dans sa voiture (en panne) et travaillait un peu en intérim, en y allant à vélo. Un partenaire l’a accompagné vers le logement, un autre vers ses droits à la santé, un autre pour prêt de véhicule, puis le contact a repris avec PE et aujourd’hui cette personne a un logement, se soigne et a un emploi en CDI.

Après 4 mois de fonctionnement, l’objectif est de développer « Trait d’union » sur les quatre agences de Reims, peut-être ensuite sur la Marne.

Les participants ont réagi en pensant à eux-mêmes ou à des personnes de leur entourage qui ont des difficultés pour trouver un emploi.

Ce qui rassure, c’est de ne pas avoir ressenti de préjugés dans cette présentation, « si t’as un parcours difficile ils t’aident à trouver les choses intéressantes, les compétences et pas seulement les diplômes ». Les craintes pour utiliser l’informatique sont en partie dissipées, certains participants encouragent les autres. L’expérience de partenariat avec « Trait d’union », « on pense que ça peut vraiment aider, on est suivi, on est garanti que les partenaires sont valables ; on se sent pas lâché ». Plusieurs participants ont l’expérience de ces freins qui peuvent bloquer la reprise durable d’emploi, et souhaitent s’informer auprès de leur conseiller, « on ne sait pas que ça existe ! ».

Ce qui inquiète, c’est la reprise après une longue période sans emploi, « Est-ce que vraiment un employeur va se risquer, à part pour une immersion ? Si ça débouche sur rien, ça amène de la déception et du découragement. » Certaines difficultés semblent quand même très dures à surmonter, un travail de nuit à horaires décalés et pas de moyen de transport, ou le fait d’avoir plus de 50 ans.

L’invité a apprécié la liberté de parole et la confiance, y compris pour évoquer des frustrations ou des situations difficiles. Il a assuré que le conseiller ne doit pas imposer, mais informer et accompagner. « Un conseiller sait que si vous n’êtes pas d’accord, ça ne marchera pas. Votre seule obligation c’est de venir aux rendez-vous. »

Cette rencontre a été instructive pour tous : les participants ont fait un constat positif et rassurant de l’évolution de PE qui se « rapproche » du demandeur d’emploi. L’invité a apprécié le sérieux de la préparation, la rencontre directe et la liberté de parole. « Comme directeur, j’ai peu de contacts directs avec le public, j’aime particulièrement de telles rencontres. Ça me rassure sur le fait qu’on ne fasse pas fausse piste. J’entends aussi d’autres problématiques à régler sur lesquelles on doit encore travailler. »