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Laurent Grandguillaume, député et homme de convictions

L’élu qui s’est battu pour la loi Territoires Zéro chômeur de longue durée ne se représentera pas. Il continuera d’agir autrement contre les injustices.

On peut dire que Laurent Grandguillaume ne chôme pas. Le député qui a porté la loi d’expérimentation Territoires Zéro chômeur de longue durée, nous reçoit entre deux réunions. A peine la loi adoptée, il a été chargé d’une délicate mission : résoudre le conflit entre les taxis et les VTC.  » Depuis que je suis élu, je travaille sept jours sur sept », explique-t-il.

Pour convaincre des politiques frileux face au projet initié par ATD Quart Monde, le député PS de Côte d’Or a sillonné une trentaine de départements. Il est allé jusqu’à rencontrer le président François Hollande, le premier ministre Manuel Valls et le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone.

« C’est ma principale fierté en tant que député, explique-t-il, avoir réussi à fédérer autour de cette belle idée de Territoires zéro chômeur de longue durée et d’avoir fait voter à l’unanimité, au delà des clivages, la loi d’expérimentation. On le doit aussi à ATD Quart Monde qui a cherché à convaincre tout le monde. »

Intérêt général

Laurent Grandguillaume est un député peu banal. Elu en 2012, il se retrouve à 34 ans sur les bancs de l’Assemblée où dominent les têtes blanches. Issu d’une famille franc-comtoise « d’ouvriers et d’employés » selon ses termes, il est l’un des rares à représenter les milieux populaires.

Fait rare enfin, après un seul mandat, il a décidé de ne pas se représenter en 2017. « Etre élu et faire de la politique, c’est un engagement au service de l’intérêt général, souligne-t-il, mais ce n’est ni une carrière ni un métier à vie. J’avais prévenu mes collaborateurs : à la fin du mandat, je retournerais à la vie de la cité. »

Il a reçu de nombreux courriers de citoyens le félicitant. Ses amis députés ont dit comprendre son geste. Mais ils ne l’ont guère suivi.

Ecole de la République

Laurent Grandguillaume est né à Besançon (Doubs) puis a vécu enfant à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Sa mère est opératrice de saisie dans la grande distribution, son père employé.

Il est le premier, dans sa famille, à passer le bac, puis à décrocher à la fac de Dijon (Côte d’Or) une maîtrise de Sciences économiques. « Mon seul héritage, confie-t-il, c’est l’école de la République, j’y ai tout appris. »

Dans la famille, on ne fait pas de politique. Il y a juste ce grand-père qui a travaillé chez Lip, l’entreprise horlogère de Besançon aujourd’hui disparue, qui a mené un combat historique dans les années 70 – pour préserver l’emploi, les ouvriers l’ont autogérée, vendant eux-mêmes les montres.

Laurent Grandguillaume, lui, s’est intéressé très tôt à la politique, indigné par les injustices. Au point que lorsque ses grands-parents l’emmènent visiter l’Assemblée nationale, ils lui glissent : « Regarde bien, peut-être que toi un jour, tu y seras »…

Convictions

A 18 ans, il rejoint le Parti socialiste. Tout en travaillant dans le commerce puis la banque avant de devenir conseiller d’insertion, il milite « à fond ». Lors des municipales de 2008, il est élu à Dijon. A 30 ans, il devient Adjoint au maire chargé de la jeunesse, de la vie associative et de la démocratie locale. Il est aussi conseiller général et vice-président aux finances de l’agglomération. Elu député en 2012, il démissionne de ces mandats pour ne pas cumuler.

« Quand on est député, lorsqu’on veut, on peut vraiment faire des choses », assure-t-il. Laurent Grandguillaume se félicite d’avoir fait adopter des textes raccourcissant le rééchelonnement en cas de surendettement, facilitant le changement de banque, simplifiant la vie des entreprises..

Sur la politique, il se défend d’être déçu – « j’avance à partir de convictions, pas de déceptions ». Mais il est lucide : « Les citoyens ne doivent plus être des intermittents de la politique qui votent de temps en temps, ils doivent participer tout au long, autour de projets. Chacun a une partie de la solution mais on ne peut changer les choses que dans un cadre collectif. »

Ami

Marié et sans enfants, Laurent Grandguillaume ne sait pas encore où il travaillera à l’issue de son mandat – « Je verrai les opportunités. » Il a repris des études et prépare un master 2 en « Management et relations publiques » – « toujours l’humain… » – à La Sorbonne.

Il promet de continuer à s’engager d’autres manières. Il participe à la création d’une association pour promouvoir le projet Territoires Zéro chômeur de longue durée. Le jour de notre rencontre, il venait d’adhérer à ATD Quart Monde. Un ami de choix.

Véronique Soulé

Focus sur…

les 10 territoires qui vont expérimenter Territoires Zéro chômeur de longue durée:

La ministre du Travail Myriam El Khomri a annoncé le 21 novembre 2016 la ilste des candidats retenus : Colombelles (Calvados), Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle), Jouques (Bouches-du-Rhône), Mauléon (Deux-Sèvres), Métropole Européenne de Lille (Nord), Nièvre et Forêts (Nièvre), Paris 13e , Pipriac (Ile-et-Vilaine), Thiers (Puy-de-Dôme), Villeurbanne (Rhône).

Photo : Laurent Grandguillaume le 12 octobre 2016 à l’Assemblée nationale (ph. François Phliponeau)