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En 1968, Joseph Wresinski à La Sorbonne et chez Renault

Gabrielle Erpicum est volontaire permanente à ATD Quart Monde depuis 1963. Durant les événements de 1968, elle était aux côtés du fondateur du Mouvement et se souvient de sa curiosité pour tout ce qu’il se passait.

 » Avec les grèves du printemps 68, les familles se sont retrouvées sans facteur et sans moyen de toucher leurs allocations. Il a fallu organiser des quêtes. Le père Joseph tenait des réunions dans les bidonvilles pour expliquer la situation. Il est notamment allé à La Campa, à La Courneuve, et dans le camp de Noisy-le-Grand.  » Je peux mettre telle somme d’argent à votre disposition, expliquait-il, mais avant, il faut que vous constituiez un comité sérieux. Dès que vous aurez les noms, je reviendrai. Soit je mets les fonds à disposition, soit c’est le point de départ d’un coopérative avec un petit apport de notre part.  »

À Noisy, les familles ont dit qu’elles voulaient l’argent. Avec 1 million de francs, elles pensaient pouvoir s’acheter une maison… Elles sont tombées de haut. C’était peu lorsque l’on est si nombreux. Nous leur avons laissé les fonds mais le soutien a été de courte durée. À La Campa, les habitants ont créé une coopérative. On a donné de la nourriture et de l’argent. Ils ont tenu plusieurs semaines.

Le père Joseph avait été très déconcerté par le choix des habitants de Noisy – celui de l’immédiateté. À la Courneuve où vivait essentiellement une population immigrée et nomade, ils se battaient plus pour la survie. Ça l’a beaucoup interrogé.

Il avait une grande curiosité pour les événements. Il était allé aussi bien à La Sorbonne qu’aux usines Renault. Le soir, il circulait beaucoup, regardait les slogans, rapportait des affiches… Il voulait faire venir les étudiants dans les cités. Les premiers, ceux en médecine, sont venus avec la Croix-Rouge former aux gestes de premiers secours. Il pensait aussi que les étudiants en art emmèneraient les familles dans des musées.

Le 14 juillet 1968, il avait demandé aux étudiants de venir faire un  » partage du savoir  » à La Cerisaie à Stains. Ils ont joué une pièce  » Un peuple parle « . Pour le père Joseph, le 14 juillet devait être une fête pour que les plus pauvres prennent conscience des racines de leur histoire. «