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Emerjean, entreprise à but d’emploi à Villeurbanne

Inventer des entreprises à but d’emploi

Dans les dix territoires engagés dans la démarche « Territoires Zéro chômeur de longue durée », des entreprises à but d’emploi expérimentent « l’emploi vu comme un droit ». Quelques réflexions en provenance des salariés d’Emerjean, de Villeurbanne.

EmerJean est une entreprise à but d’emploi créée en mars 2017, au quartier Saint-Jean à Villeurbanne, dans le cadre de l’expérimentation nationale « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée ». Elle propose des emplois et embauche les habitants chômeurs de plus de 1 an volontaires pour participer à cette initiative. A partir des compétences de ses salariés, elle propose des services aux habitants et aux entreprises du territoire pour l’amélioration du cadre de vie et la réalisation de divers « travaux utiles ».

Bénédicte, Kahtib, Latifa, Samir, Rita et Wifag, tous salariés d’Emerjean, sont venus à Lyon, le 6 juillet 2018, aux Dialogues en humanité, partager leurs réflexions sur quelques-unes des conditions qui leur paraissent importantes pour créer des entreprises à but d’emploi.

Être acteur de son emploi

«  Au moment où l’on rentre à Emerjean, on nous demande que ce l’on sait faire, ce que l’on aime faire et ce que l’on pourrait apporter à Emerjean. On suit une formation pendant laquelle on apprend plein de choses : à utiliser l’ordinateur, tout ce que l’on a besoin pour intégrer Emerjean en fait, et, en même temps, on fait comme si on créait une nouvelle activité, on apprend à créer une nouvelle activité nous-mêmes qui pourrait être utile à l’entreprise. » (Kahtib)

Proposer des CDI à temps choisi

« J’ai 27 ans, j’ai commencé à travailler à peu près à 17 ans. J’ai travaillé dans plein de domaines différents, je sais faire plein de choses. J’ai toujours eu des CDD de très courte durée. Je n’ai jamais eu cette opportunité de pouvoir me projeter dans la vie, de pouvoir faire un crédit, de pouvoir faire plein de choses. Ce CDI à Emerjean, c’est une chance pour moi, même si le salaire n’est pas très élevé. Je vais pouvoir m’en sortir plus facilement je pense. » (Kahtib).

« Avoir un CDI, c’est comme dire à la personne qu’elle assure son travail et son quotidien. J’ai travaillé dans les associations avec des contrats d’insertion, pendant 6 mois, ensuite on te renouvelle 6 mois… C’est difficile parce que, au bout d’un certain temps, quand le contrat arrive à terme, on est mis à la porte et donc automatiquement cela va nous faire gamberger dans notre tête : est-ce que l’on est utile à cette société ou non ? » (Samir)

« Un CDD, c’est mieux pour la sécurité du patron, mais un CDI c’est quand même plus valorisant et cela nous permet d’être plus investis, d’avoir envie de donner plus et d’être plus solidaires avec nos collègues de travail. » (Bénédicte)

Se soutenir, entre voisins

« Avant de travailler à Emerjean, on est déjà un quartier solidaire, on se soutient. Dans une autre entreprise, ils vont nous dire de travailler à la chaîne, il faut faire ça, il faut faire ci, tandis qu’à Emerjean, si il y a une tâche difficile, on va être à plusieurs dessus et, du coup, on va plus s’entre-aider et du coup, au niveau de la santé et du moral, cela va beaucoup mieux. » (Kahtib)

« C’est ma copine qui m’a dit qu’il y avait une entreprise qui ouvrait dans le quartier. Quand j’ai signé le contrat… j’ai dansé. » (Rita)

« Elle a dansé et elle nous a tous fait danser et même la formatrice elle s’est mise à danser. Ce que je vois, c’est qu’au fil des mois, Emerjean nous rend de plus en plus solidaires entre nous. On y croit parce que l’on a vraiment envie que cela marche. Et franchement, c’est dommage qu’ils n’aient pas eu cette idée avant parce qu’au lieu de se plaindre et de dire que l’on est des feignants, qu’on profite du RSA, qu’on profite du chômage, et bla bla bla, maintenant, on ne peut plus nous dire cela parce que maintenant on nous paie à travailler. » (Bénédicte)

Pas de chef, tous chefs

« Dans l’entreprise Emerjean, il n’y a pas un chef, tout le monde est chef. Chacun fait son travail. On n’a pas besoin d’un chef qui nous demande de faire ceci ou faire cela. On travaille dans la confiance et dans de bonnes conditions. » (Latifa)

« Par rapport à mes anciennes expériences, je sais que le chef, c’est toujours un abus de pouvoir, un abus d’autorité et ici, heureusement, il n’y a pas cela. Il y a des coordinateurs qui peuvent coordonner le travail dans les équipes, parce qu’il y a six ou sept équipes pour que tout marche. Tous les six mois, chaque équipe est obligée de choisir un nouveau coordinateur. » (Samir)

« Moi je suis dans l’équipe cuisine et blanchisserie. Il n’y a pas de chef. Je peux travailler plus tranquillement, je participe comme tout le monde. On fait une réunion tous les lundis pour parler des problèmes. Pour moi, c’est une grande chance ce travail parce que je peux travailler tranquillement. » (Wifag)

propos recueillis par Yves Petit

Plus d’information sur Emerjean :

Site internet : https://emerjean.fr/

Facebook : https://www.facebook.com/EmerJeanVilleurbanne/

Twitter : https://twitter.com/TZCVilleurbanne

Plus d’information sur la démarche « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » :

https://www.tzcld.fr/