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Des petits papiers pour accompagner ceux dans la galère

Les militants Quart Monde de Maubeuge (Nord) vont à la rencontre des personnes en situation de précarité.

A 13 heures, une petite file d’attente est déjà formée devant la Société Saint-Vincent-de-Paul de Maubeuge alors que la distribution ne commence qu’à 13 heures 30. Beaucoup sont venus avec leurs caddies et des sacs isothermes pour les surgelés. Il y a là des mères de famille, des jeunes avec leurs caquettes vissées sur le crâne, un père et son fils, des retraités …

René et Michèle, militants d’ATD Quart Monde, commencent à distribuer la pile de petits papiers qu’ils ont imprimés avant de venir. Sur une face, une invitation à venir fêter les 30 ans du groupe local de Sambre-Avesnois. Sur l’autre face, leurs numéros de portables pour ceux  » dans la galère « .

–  » Vous connaissez ATD Quart Monde ? « , demande René à une femme qui prend le papier.

–  » Non « , répond-elle.

–  » C’est Agir tous pour la dignité. On est là pour vous accompagner dans vos droits. C’est bénévole. Vous avez là nos téléphones… »

– « Ah, c’est bien ce que vous faites ! », approuve la femme.

René et Michèle entrent dans la grande salle où chacun attend assis d’être appelé pour recevoir l’aide alimentaire. Trois à quatre fois par an, ils organisent cette action baptisée  » Les petits papiers  » pour aller au devant des plus pauvres.  » Au départ, explique René, on le faisait à la Poste. On le fait maintenant ici, aux Restos du coeur ou à la Croix-Rouge. Parce que là, on est en plein dans la galère.  »

Plusieurs personnes demandent où se trouve le local d’ATD Quart Monde. L’une d’elles explique qu’elle vit dans un logement indécent, qu’elle ne s’en sort pas avec les démarches…  » On peut vous aider pour le DALO « , explique René. Et il invite à l’anniversaire du groupe local en octobre.

Dehors une femme, intriguée par ces petits papiers, veut en savoir plus. Puis elle explique son cas :  » Je ne touche plus que 500 euros par mois de chômage. Là-dessus j’ai le logement et beaucoup d’électricité. Sans l’aide alimentaire, je ne mangerais pas.  » Elle alterne chaque semaine entre les Restos du coeur et Saint-Vincent-de-Paul.  » Ici, il y a plus de produits frais et on donne un rouleau de papier hygiénique alors qu’aux Restos, on n’a qu’un dentifrice « .

René et Michèle ont été rejoints entre-temps par Françoise pour distribuer les petits papiers. La pile commence à baisser.  » C’est comme si on semait des petites graines, commente René, on verra après ce que ça donne – parfois des gens nous contactent, parfois personne. Au moins, on montre qu’on est là.  »

Véronique Soulé

Photo : René et Michèle devant le local de Saint-Vincent-de Paul. © V.S.