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Comment un couple d’amis du Mouvement ATD Quart Monde est entré en lien avec des Roms. Décembre 2011 – février 2012

Depuis le mois de décembre nous avons fait un bout de chemin avec les Roms installés en fait depuis deux ans sur un campement aux confins de notre commune. Nous avons pris conscience de la présence d’un campement important d’environ 200 personnes quand certains venaient faire la quête à la sortie de l’église le dimanche matin.

De fil en aiguille, nous avons compris la situation : protestations de riverains en raison de « nuisances » occasionnées par cette population très pauvre ; protestations reprises dans les propos du maire qui jugeait la situation intolérable et couteuse pour la collectivité, nécessitant une expulsion rapide de ces indésirables bien que ne résidant pas sur un terrain de notre commune ; et jugement du tribunal rendant l’expulsion exécutoire au 31 janvier.

Nous avons décidé de nous rendre sur le campement pour entrer en lien avec eux.
La grande misère qui règne là rappelle les bidonvilles des années d’après-guerre. La survie occasionne à l’évidence un environnement dégradé où l’hygiène est totalement absente. Beaucoup sont malades. Mettant en avant mon statut de diacre de l’Eglise, je suis très bien accueilli et j’y suis retourné régulièrement, seul ou avec ma femme. La première fois, ce fut la surprise et un cercle d’une dizaine de personnes s’est formé autour de moi. Les fois suivantes, nous sommes accueillis dans leurs cabanons et il faut boire le café avec des gâteaux.

Les échanges avec Zobar qui parle assez bien le français et sa petite famille sont très amicaux. Ce lien d’emblée fraternel, tranche vivement avec le rejet et la quasi haine dont les Roms sont l’objet. Nous parlons bien sûr du jugement d’expulsion qui a été rendu ; la police vient régulièrement faire pression pour les inciter à partir mais tant que le préfet n’a pas donné l’ordre d’intervention (compte tenu des températures hivernales) il n’y a pas de menace immédiate.
On se laisse aller à leur donner quelques vêtements, à leur demande.
Une association citoyenne de la commune que nous avons alertée s’est elle-même rendu compte de la situation de ces familles et ce fut pour son représentant une découverte qui l’a profondément choqué. Petit à petit un réseau d’échange d’informations se crée. Il se compose de : la délégation d’ATD Quart Monde dont nous sommes alliés, un membre de l’ADVOG et de la Ligue des Droits de l’Homme spécialiste de la question Roms, le collectif des Roms, des religieuses en lien auprès des Roms dans le département, la paroisse. Médecins du monde sera aussi contacté pour des soins médicaux qu’ils n’ont pas les moyens de payer.