À lire et voir en avril 2016

À LIRE
Nouveauté:
Agir avec les pauvres contre la misère

Bertrand Verfaillie

Les idées reçues, naïves ou négatives, sur les pauvres et sur la misère, ne conduisent nulle part. Elles sont démenties par les initiatives menées un peu partout en France, par et avec les personnes en situation de pauvreté.

«  Aller vers l’autre est souvent risqué, nous dit Christophe Géroudet, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde, dans la préface. Mais ne pas le faire peut l’être encore plus. Agir avec les pauvres contre la misère est possible et cela profite à tous. C’est la grande leçon de ce livre. »

Des campements de migrants, des coformations avec des gens du voyage et des demandeurs d’asile aux Universités Populaires Quart Monde, des accueils de personnes sans domicile aux expériences pilotes d’emplois d’utilité sociale … L’auteur analyse une trentaine d’actions. Les acteurs en tirent des enseignements à la fois réalistes et stimulants.

«  Ces initiatives ne fonctionnent pas dans un rapport aidant/bénéficiaire, mais dans des rapports de réciprocité et de collaboration, souligne Christophe Geroudet. Elles ne cherchent pas non plus à « insérer » les « pauvres » dans les interstices d’une société qui trie les « bons » des « mauvais ». Agir avec les personnes en situation de pauvreté (non seulement contre la misère, mais aussi pour une société plus juste dans tous les domaines) signifie tout autre chose. Le pouvoir d’agir avec les plus pauvres dénonce les fonctionnements qui excluent, et transforme non seulement les personnes et la vie dans les quartiers mais aussi la société, ses lois et ses pratiques. »

Ed. Quart Monde/Ed. de l’Atelier, collection “ Pouvoir d’agir ”, 2016, 192 p., 10 euros
Sur le chemin de l’eau

Pascal Lallement et Liliane Larmoyer
À Thiaroye Guinaw Rail Nord, à la périphérie de Dakar, au Sénégal, beaucoup n’ont pas une vie facile. Alima est de ceux-là. Devant l’accumulation de difficultés, elle est en train de baisser les bras. Il faut l’aider, mais comment éviter les fausses solutions plus destructrices à terme que les problèmes qu’elles sont censées résoudre ? Pascal Lallement, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde, et Liliane Larmoyer, journaliste, nous font entrevoir comment, à partir de la personne la plus exclue d’une société, une dynamique collective peut se créer et permettre à tous d’être gagnants.

Ed. Quart Monde, 2016, 48 p., 3 euros

A VOIR

Merci Patron ! Comédie documentaire. François Ruffin. France. 2016.

Jocelyne et Serge Klur travaillaient dans une usine de costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes. Mais Bernard Arnault a délocalisé la production en Pologne. Au chômage, ils vivent avec 3 euros par jour. Surendettés, menacés d’expulsion, leur chemin croise celui de François Ruffin, fondateur du journal alternatif Fakir. Il leur propose un stratagème pour faire chanter l’état-major de LVMH et obtenir l’argent qui les sauvera de l’expulsion. Les Klur n’ont plus rien à perdre. Sans prétendre à une conscience politique, ils se laissent entraîner et l’on se demande parfois s’ils ne sont pas utilisés par le journaliste. Chacun jugera. La satire sociale met en lumière des personnes et des lieux sinistrés.

Je ne suis pas un salaud. Fiction. Emmanuel Finkiel. France. 2016.

Eddie tente de se réinsérer dans la vie active. Il partage la garde de son fils avec Karine dont il est séparé. Parfois il boit pour oublier sa difficulté à exister. Une nuit, il est agressé par un groupe de jeunes. Il devient un héros aux yeux de son fils. Sa femme le soigne et lui trouve du travail. Au commissariat, il prétend reconnaître son agresseur : Ahmed, qui nie. Sa conscience le rattrape. Mais il reste muré en lui-même. Rarement la faiblesse, la fragilité et le besoin de reconnaissance ont été filmés et interprétés avec autant de justesse.

Des nouvelles de la planète Mars. Fiction. Dominik Moll. France. 2016.
Coincé dans la routine métro boulot dodo, Philippe Mars se sent dépassé par les idéaux de ses enfants et la cruauté du monde de l’entreprise. Son collègue Jérôme va faire vaciller ses certitudes et lui redonner le goût du risque. Un regard original sur le sentiment d’exclusion.
Bella Lehmann-Berdugo