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29 juin 2010 : table ronde ATD Quart Monde au 4ème Forum Mondial des Droits de l’Homme à Nantes

4ème Forum Mondial des Droits de l’Homme – Nantes, 28 juin-1er Juillet 2010

Table ronde le mardi 29 juin sur le thème :
IDENTITES, MINORITES : VIVRE ET AGIR ENSEMBLE DANS LA DIVERSITE.

Vivre ensemble, penser ensemble avec les plus pauvres, conditions de la destruction de la misère

Mardi 29 juin de 14h à 16h30

La grande pauvreté n’est pas une « diversité » à respecter et à protéger. C’est une situation spécifique qui est révélatrice de violations des droits de l’homme et qui doit être combattue. L’état de pauvreté risque d’être un déterminant quasiment identitaire aux yeux du monde, un enfermement dans cette situation. C’est pourquoi, si on se place dans une perspective d’émancipation de la grande pauvreté, les plus pauvres doivent être reconnus pour ce qu’ils sont et non pas exclus ou discriminés.

Les personnes qui vivent dans la grande pauvreté ont une expérience du déni des droits de l’homme qui peut permettre de déconstruire les atteintes aux droits et par la suite de restaurer un accès effectif aux droits. Ils sont porteurs d’une expérience irremplaçable fondatrice de la libération de la misère et peuvent faire une contribution irremplaçable à la mise en œuvre des droits de l’homme, et à la démocratie.

Les questions suivantes seront abordées durant la table ronde :
– En quoi l’extrême pauvreté est-elle une violation des droits de l’homme ?
– Comment des personnes sont-elles victimes de discriminations à cause de l’extrême pauvreté ?
– Comment reconnaître l’identité des plus pauvres, à quelles conditions ?
– Comment s’engager dans la construction du savoir avec eux ?
– Comment agir dans une communauté pauvre pour restaurer les droits de l’homme ?
– Comment l’expérience spécifique de la grande pauvreté peut-elle agir comme levier pour la justice sociale et un vivre-ensemble renouvelé ?

Intervenants :
– Romain Huret, Historien, Maître de conférences, Université Lyon II, Sciences Po Paris ;
– Geneviève Defraigne Tardieu, auteure de la thèse intitulée : « L’Université populaire Quart Monde, la construction du savoir émancipatoire » A voir aussi
– Un participant de l’Université populaire Quart Monde Ile-de-France ;
– Marie-Bernadette Diop, volontaire permanente d’ATD Quart Monde pourra témoigner de son expérience au Burkina Faso et au Sénégal ;
– Emmanuelle Soumeur-Méreau, chargée de mission, Direction du Développement, Renouvellement urbain, Nantes Métropole.

Pour s’inscrire gratuitement

A noter également :

le 1er juillet à 17 h : intervention de Paul Bouchet, Président d’honneur d’ATD Quart Monde.

Dans les conclusions de la plénière sur le thème : « TRAVAIL : DÉFENDRE ET RENFORCER LE DROIT MALGRÉ LA CRISE »

| Argumentaire :

L’égalité en dignité et en droits de tous les êtres humains est un principe intangible affirmé dès l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pour autant, ce principe universel est mis en échec par la persistance de l’extrême pauvreté et de l’exclusion, et ce à travers le monde entier, dans les pays du nord, comme dans les pays du sud. L’état de pauvreté risque d’être un déterminant quasiment identitaire aux yeux du monde, un enfermement dans cette situation.

Les plus pauvres sont-ils perçus pour ce qu’il sont réellement ? Leur identité n’est-elle pas faussée par le regard des autres, cette représentation (au sens d’image et par voie de conséquence la représentation politique) confère-t-elle une identité positive ou négative, stigmatisante ou libératrice ?

La grande pauvreté n’est pas une « diversité » à respecter et à protéger. C’est une situation spécifique qui est révélatrice de violation des droits de l’homme et qui doit être combattue. Mais, si on se place dans une perspective d’émancipation de la grande pauvreté, les plus pauvres doivent être reconnus pour ce qu’ils sont et non pas exclus ou discriminés.

Les personnes qui vivent dans la grande pauvreté ont une expérience du déni des droits de l’homme qui peut permettre de déconstruire les atteintes aux droits et par la suite de restaurer un accès effectif aux droits. Ils sont porteurs d’une expérience irremplaçable fondatrice de la libération de la misère et peuvent faire une contribution irremplaçable à la mise en œuvre des droits de l’homme, et à la démocratie.

Pour ce faire, il est nécessaire que leur identité soit reconnue, que les personnes qui partagent les mêmes conditions de vie se rencontrent et se reconnaissent, qu’elles prennent conscience de leur situation, et la partagent avec des citoyens de tous horizons sociaux, dans une recherche d’émancipation collective et de participation à la vie sociale.

Ce sont ces prises de paroles et ces rencontres qui ont permis d’élaborer une autre perception de la précarité et de la grande pauvreté. La grande pauvreté est à la fois une cause et une conséquence du non-accès aux droits :
« La précarité est l’absence d’une ou de plusieurs sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même dans un délai prévisible » (1)

(1)Avis et rapport du Conseil économique et social, Grande pauvreté et précarité économique et sociale, rapporteur J. Wresisnki, 10 et 11 février 1987. JO 28 février 1987. p. 6.

Alors le « vivre ensemble » prend une tout autre dimension. Il s’agit non plus de se côtoyer et de se tolérer, mais de penser ensemble pour arriver à produire un savoir nouveau et de nouvelles pratiques sur le monde pour le changer.

Le droit positif doit évoluer au regard du respect et de la promotion des droits de l’homme. Le faire avec les personnes qui sont privées de l’accès aux droits est une garantie de l’accès aux droits pour tous. Un dialogue enrichi de nos différences permet de rétablir la justice sociale.

Les droits culturels sont centraux. Privés des droits culturels, l’individu fait l’expérience de la honte, du déni de soi, du repli sur soi qui en conséquence prive de l’accès aux autres droits. Pour recréer l’estime de soi chez celui qui se nie lui-même, il faut recréer des liens fondamentaux. La reconnaissance de la dignité de façon inconditionnelle, le respect, la volonté de dépasser les blessures et blocages, d’apporter de nouvelles ressources comme des outils de réflexion, de langage, d’analyse sont des aspects décisifs.

Nous allons voir au cours de la table ronde la mise en œuvre concrète des droits de l’homme dans une perspective d’émancipation de la pauvreté et de renforcement des liens. |