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« Que nous les pauvres, on ait un emploi ! »

En début d’année, j’ai reçu la carte de voeux d’un ami du Nord, membre de longue date du Mouvement Atd Quart Monde : « Je vous souhaite mes meilleurs vœux et que les pauvres, on ait un emploi et une vraie justice en 2010. »

En quelques mots, tout est dit de l’espérance constante de tous les pauvres, partout dans le monde, d’avoir enfin un emploi. Or aujourd’hui, ils savent à quel point, en particulier dans un pays comme le nôtre, l’emploi s’est éloigné d’eux car, au fond, nous acceptons qu’une partie de nos concitoyens soient définitivement privés d’emploi. Dans mon entreprise comme dans beaucoup d’autres, on parle de « plan de modernisation sociale » pour désigner des politiques qui suppriment des emplois ; on parle de « gagner des postes » quand il s’agit de les supprimer, comme si restreindre le nombre d’emplois – ce qu’on est parfois obligé de faire – représentait un progrès pour l’entreprise.

Ce même ami, quelques jours plus tard, m’envoie une nouvelle carte : « Je vous souhaite mes meilleurs vœux. J’ai un emploi au jardin de la ville. »
C’est cela le Quart Monde : nous sommes ensemble d’abord pour partager nos victoires parce que nous savons que les victoires de l’un vont donner du courage à tous les autres ; parce que nous savons que, tout seul, on ne tient pas quand la vie devient trop dure. Combien de fois, aux rencontres des Universités populaires Quart Monde, avons-nous vu tel ou tel participant se lever pour annoncer avec fierté et sous les applaudissements : « J’ai un travail ; mon mari a trouvé du boulot ; mon jeune a un contrat… »

Et puis, cet ami précise qui l’a embauché : « la ville ». Souvent, et depuis longtemps, c’est des collectivités locales que les personnes en grande difficulté attendent une embauche. Mais aujourd’hui, sous des prétextes de rationalisation, d’économie budgétaire, d’ « optimisation des coûts », nombre d’emplois qui leur seraient pourtant accessibles sont supprimés.

L’emploi est un droit. Ne devrions-nous pas nous battre pour le rendre opposable ?

Pierre Saglio, président d’Atd Quart Monde France