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Notre société a besoin d’apprendre de ses membres les plus fragiles

PYM-e0423J’écris ces lignes en décembre. Lorsque Feuille de route paraîtra en janvier, bien des choses se seront passées. Ce dont je suis malheureusement certain, c’est que la situation sera plus difficile pour beaucoup de personnes, et notamment les plus pauvres d’entre nous.

La société a un devoir de justice et de sollicitude vis-à-vis de ses membres les plus fragiles, ceux pour qui la vie est déjà si difficile en temps ordinaire. Il nous faut dénoncer le décrochage des minimas sociaux, la précarité des revenus, rappeler les nécessités de la solidarité et de la citoyenneté qui exigent que la voix des plus fragiles soit entendue, refuser les fausses solutions de la peur de l’autre et du populisme. Cela, nous le faisons et nous le ferons inlassablement. Fort heureusement, d’autres le font et le feront, avec nous ou indépendamment de nous. Chacun peut le faire, dans son entourage, en écrivant à son journal, en intervenant sur Internet.

La justice et la sollicitude s’imposent à tous, que l’on voie la pauvreté de l’extérieur ou qu’on la vive de l’intérieur. Mais la responsabilité propre du Mouvement ATD Quart Monde est que nous sommes à la fois au cœur de la grande pauvreté et de la grande société. Parmi nous, des personnes écrasées par la misère se mettent debout pour devenir des militants Quart Monde.

D’autres choisissent l’engagement radical de devenir volontaires permanents animés par la volonté de chercher sans cesse à rejoindre le plus exclu. D’autres encore choisissent de porter ce courant du refus de la misère au cœur même de l’endroit où ils se trouvent dans la société.

Ces engagements nous permettent de dire qu’il ne s’agit pas que de justice et de sollicitude pour une partie de la population dont les intérêts seraient marginaux ou contradictoires avec ceux d’une autre partie. Il s’agit au contraire, en combattant la misère à partir de l’expérience de ceux qui la vivent, de construire les fondements d’une société solide qui donne des assurances à tous. Par exemple une société de la réussite à l’école pour tous.
Afin de trouver des solutions durables à ses problèmes les plus graves, notre société française et européenne a besoin d’écouter l’expérience des plus pauvres.

En ce début 2012, je formule mes meilleurs vœux pour chacun des lecteurs de Feuille de route à titre individuel. À titre collectif, j’émets le souhait d’une société qui fasse ce chemin vers les plus fragiles de ses membres. Elle n’en sera que plus forte et chacun de nous peut l’y aider en participant là où il est au débat démocratique et au vote.

Pierre-Yves Madignier, président du Mouvement ATD Quart Monde en France