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Sorties de films début 2015 : les chroniques de Bella Berdugo sur Bébé tigre, Bande de filles, le sel de la terre, Qui vive et Charlie’s country

BÉBÉ TIGRE. Fiction. France (1H27) . Cyprien Vial. Janvier 2015.

Many a 17 ans. Il est mineur isolé étranger (MIE). Envoyé en France par sa famille restée en Inde, il bénéficie d’une protection de droit commun par l’Aide Sociale à l’Enfance (jusqu’à sa majorité). Encadré par le Juge des Enfants et un éducateur, il vit dans une famille d’accueil, partage son temps entre le collège, ses copains et sa petite amie. Mais ses parents lui demandent de travailler, même illégalement, pour envoyer de l’argent au pays. Il se rapproche de Kamal, indien du Penjab comme lui et le convainc de l’employer. Le film laisse entrevoir le monde méconnu des Sikhs (5ème religion monothéiste au monde). Les mensonges répétés, l’illégalité vont précipiter les dérives et obliger l’adolescent à sortir les griffes pour se défendre.
Une fiction documentée tendue comme un polar, avec une musique électro et du rap indien. Le spectateur est pris dans l’engrenage.

BANDES DE FILLES. France. Fiction. Céline Sciamma. Sortie octobre 2014. Peu de salles /en téléchargement légal ou en ligne/ puis en DVD.

Marieme, seize ans, vit en banlieue. Elle subit la loi de son milieu, de son grand frère et des garçons en général. On lui refuse l’orientation en filière générale après le collège. En rejoignant une  bande  de filles libérées, elle va se métamorphoser et s’épanouir. Elle devient Vic comme Victoire, abandonne ses tresses, porte un blouson de cuir. Elle refuse une amourette classique avec un avenir rangé. Ensemble, les jeunes filles jouent au foot américain, se bagarrent contre des clans adverses pour se faire accepter dans la cité, rôdent dans les centres commerciaux. Amitié fraternelle, danse, shopping, musique électro (bande sonore du film***). Elles se heurtent aux préjugés racistes. L’esthétique voulue de certaines scènes sur fond de bleu électrique concorde parfaitement avec la musique. Vic et sa bande nous entraînent à toute allure dans leurs pas. Beaucoup plus loin qu’une simple comédie.

LE SEL DE LA TERRE. France, Italie, Brésil. Documentaire. Wim Wenders et Ribeiro Salgado. Sortie octobre 2014/ une salle à Paris/en téléchargement légal/puis DVD.

Le cinéaste converse avec le photographe et pose un regard ébloui sur le travail et l’engagement de l’artiste. Salgado, 70 ans, raconte le hasard qui a fait de lui un photographe, puis les guerres, les famines qui l’ont embarqué sur tous les continents (attention certaines images sont difficiles à supporter). En contrepoint, il dévoile sa vie familiale : son père exploitant agricole, ses fils, sa femme et leur patient travail de reboisement autour de la ferme familiale où ils ont créé un institut.

Ceci l’a orienté vers de nouvelles expéditions photographiques sur le devenir de la nature et du monde animal. Une vision planétaire, dans des paysages parfois grandioses.

QUI VIVE. France. Fiction. Marianne Tardieu. Sortie novembre 2014. En téléchargement légal ou en ligne/puis DVD.

Faute de moyens, Cherif, la trentaine, vit chez ses parents dans une cité de banlieue. Il exerce la profession de vigile en attendant de repasser le concours d’infirmer. Il tombe amoureux d’une jeune institutrice, cela lui laisse entrevoir une autre vie possible. Mais il est timide et maladroit, ne peut justifier tous ses actes. Harcelé par une bande de jeunes aux abords de son travail, il se laisse attirer par d’anciennes fréquentations douteuses. Tout l’intérêt du film réside dans le va et vient entre deux mondes. Ces territoires opposés se reflètent sur le visage très expressif de Reda Kateb. Du malaise à l’espoir en passant par la culpabilité ou la colère, les situations, les rebondissements de l’histoire apparaissent tout en nuances.

CHARLIE’S COUNTRY. Australie. Fiction. Rolf de Heer. Sortie décembre 2014. VOST. Au cinéma/ puis en téléchargement légal/plus tard en DVD.

Charlie, ancien guerrier aborigène confronté au vol des terres de ses ancêtres, n’a plus de moyen de subsistance ni de logis, même plus le droit de chasser pour se nourrir. Entre errances et rencontres avec d’autres laissés pour compte, il tente de retourner vivre en forêt. Au-delà de l’amertume demeurent en lui une joie, une énergie vitale. A travers la danse, pourra-t’il transmettre aux jeunes générations ce qui reste de leur culture ? Ce personnage attachant nous interpelle : il incarne tous les peuples tranquillement massacrés en toute impunité depuis deux siècles.