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Revivez le débat « Les absents ont toujours tort. Quelle participation pour ceux que l’on entend le moins ? »

Lors d’un débat sur le participation animé par ATD Quart Monde, il faut s’attendre à… participer. C’est ce qui s’est passé le 29 mai, au Nouveau Théâtre de Montreuil, en ce troisième jour des Rencontres ATD Quart Monde 2015. Sous l’impulsion de l’animatrice, Marianne De Laat, on découvre qui est dans la salle – beaucoup de personnes liées à ATD, quelques travailleurs sociaux et une élue, sur l’estrade. Tout au long de la rencontre, on est ensuite régulièrement invité à débattre des thèmes abordés avec nos voisins de fauteuils, avant de s’exprimer, d’interroger, de débattre…

Une participation imposée par la loi

Depuis de nombreuses années, des lois imposent une participation ou une consultation des habitants dans différents domaines. Dernièrement, la loi de février 2014 de programmation pour la ville veut renforcer leur rôle, évoque « une démarche de coconstruction » à travers la mise en place de « conseils citoyens ». Oui, mais pourquoi participer ? Et comment ? C’est le moment de se tourner vers ses voisins, d’échanger… et de s’étonner : comment peut-on mettre autant de choses différentes derrière les mêmes mots ?

« Une réunion publique ratée renforce les stéréotypes des uns envers les autres » souligne Marion Carrel, sociologue, qui détaille la notion d’ « empowerment », visant tout à la fois « à transformer les institutions et à donner plus de pouvoir d’agir aux gens ».

« Ne pas être des prête-noms »

De l'animation pour le débat participation au Nouveau Théâtre de Montreuil à l'occasion des Rencontres 2015
De l’animation pour le débat participation au Nouveau Théâtre de Montreuil, à l’occasion des Rencontres 2015

Dans la salle, il y a de la colère (« Les exclus sont invisibles, c’ est dégueulasse ! »), du pragmatisme (« Il faut organiser des moments pour mieux se connaître en dehors des grandes réunions »), et beaucoup de vécu : « Attention à ne pas devenir des prête-noms que l’on ne consulte plus. Cela m’est arrivé. J’ai tapé du poing sur la table ! »

La participation de ceux que l’on entend le moins suppose de réunir un certain nombre de conditions. Une coformation de 4,5 jours a récemment eu lieu en Seine-Saint-Denis sur le sujet. Abdel Ben Jaballah, Maria Théron, Dominique Madec, Isabelle Moulinier-Lacour, Murielle Casalaspro, prennent la parole tour à tour dans le théâtre de Montreuil. Les uns ont une expérience de la grande pauvreté, les autres sont des professionnels de la politique de la ville, la dernière est adjointe au maire de Montreuil, mais peu importe.

« Peur qu’on se moque de nous »

C’est ensemble qu’ils énoncent une dizaine de conditions sélectionnées parmi toutes celles formulées à l’issue de la coformation. Il y a notamment la « manière d’inviter » (« par une personne, plutôt qu’une lettre ou un message internet » ; « quelqu’un en qui on a confiance »), le lieu (« aller à la rencontre des habitants là où ils sont, plutôt qu’une grande réunion publique en mairie »), le langage (« avoir conscience que l’on a des représentations très différentes, il ne s’agit pas de changer de mots mais d’échanger pour se comprendre »), l’objectif (« il faut rendre visible le résultat de la participation »), la préparation (« préparer avec d’autres évite que l’on prenne l’avis ou le témoignage d’une personne comme une généralité »), le soutien (« dans une association citoyenne, nous pouvons apprendre à prendre la parole devant d’autres, sans être jugé, ce qui n’est pas facile parce qu’on a toujours peur qu’on se moque de nous, qu’on ne nous comprenne pas ») .

Il est beaucoup question de confiance et d’apprendre à se connaître. Comme le résume une personne dans la salle : « la participation, cela demande beaucoup de temps. Et d’y croire ! ».

 

Marie Bidault