Entrez votre recherche ci-dessous :

Remise du prix du film ATD : projection et rencontres avec l’équipe de Spartacus et Cassandra

Samedi soir 30 mai 2015, 19h30 au cinéma Méliès de Montreuil, un grand oiseau de bois, œuvre de Henry, artiste dans le mouvement ATD Quart Monde, est remis à Ioanis Nuguet le réalisateur de Spartacus et Cassandra par les jurés d’Ile de France, de la région PACA et leur président Cyprien Vial, jeune réalisateur. Ils ont de nombreuses questions à poser à l’équipe du film ainsi qu’aux adolescents Roms, notamment sur les liens familiaux, sur l’école, sur la musique et les paroles de slam, sur la relation du cinéaste avec ses  héros : des thèmes abordés en huis clos lors des débats à ATD Quart Monde. Tous demandent avec enthousiasme à renouveler cette expérience de jurés.

Ioanis nous dit : « on ne peut pas être tranquille à l’école quand on sait qu’au retour à la maison sa famille peut être expulsée à tout instant… J’ai compris ça en vivant moi-même avec eux dans une caravane sous le chapiteau (à Saint-Denis) ».

Cassandra : « Quand on allait à l’école mal habillé, on était traité de gitan ; dès que j’ai pu avoir des habits meilleurs ça s’est un peu calmé : comme si on regardait juste la façade, pas le cœur des gens ». Spartacus : « je suis amoureux de la musique de Rap », « Parfois, je pense qu’il faudrait supprimer certains profs. »

Spartacus et Cassandra avec les jeunes de l'Université populaire Quart Monde, devant le Méliès
Spartacus et Cassandra avec les jeunes de l’Université populaire Quart Monde, devant le Méliès

Une jeune fille (dans le public) militante à ATD Quart Monde demande « c’est quoi le positif dans ce film, dans vos vies ? » Camille, devenue  famille d’accueil  à 23 ans, répond : « quand on a une famille de sang, parfois, on peut élargir ce cercle avec d’autres gens, avec des rencontres. Cela peut transformer la fatalité en autre chose. En France, passé 18 ans, il n’y a plus personne pour vous aider. C’est le cas des parents de Spartacus et Cassandra : ils vont mal car leur situation s’est aggravée ».

Une autre militante quart monde dans la salle : « j’ai moi-même été en galère dans le nord de la France, je peux témoigner que j’ai été accueillie par des Yeniches (gens du voyage) telle que j’étais, sans jugement ; ils n’avaient rien du tout mais ils l’ont fait ».

La rencontre s’est prolongée tard hier soir devant le cinéma. En particulier avec les jeunes de l’Université Populaire Quart Monde. Un grand coup de chapeau à Stéphane Goudet, directeur du Méliès, partenaire des Rencontres : lui-même confie qu’il n’est jamais plus heureux que lorsque des personnes de tous univers croisent ensemble leurs regards, leurs idées. A cette projection comme aux autres du Festival ATD QM, il a senti cette qualité particulière de spectateurs de tous bords. Rendez-vous aux prochaines rencontres de 2017, année anniversaire des 60 ans d’ATD Quart Monde.

Bella Lehmann-Berdugo