Jean-Marie Deresnes nous a quittés …

Dès juin 1988, Jean-Marie Deresnes a rejoint le groupe local qui démarrait en Sambre Avesnois dans le Nord. Après avoir vécu 10 ans a la rue , il venait de rencontrer Marie-Noëlle Chermanne sa compagne décédée en 2005 et de s'installer dans son petit logement de la place Bonnier du calvaire à Ferrière la Grande, logement qu'il n'a plus quitté.
 Jean-Marie n'a jamais oublié ses années de galère, il a été un militant très actif participant au programme Quart-Monde Partenaire, représentant le Quart Monde à l'ONU à Genève. Sa priorité était le combat pour le logement lui qui en avait été longtemps privé . C'est ce qu'il avait choisi de défendre sur son affiche lors du projet recto/verso de 2008 à 2010 qui nous avait une dernière fois mobilisés ensemble.

Cher Jean-Marie,

Je veux garder de toi cette image joyeuse prise  lors du passage de la caravane européenne de l’amitié en juin 2007.

Elle traduit à la fois ton désir de rencontres, ton humour, ton engagement … Tu n’hésitais pas à « mouiller la chemise » lorsqu’il s’agissait de défendre l’idée que tu te faisais de la fraternité.

Tu as connu beaucoup d’épreuves dans ta vie et tu en as fait une force. Ton expérience acquise dans ces années de galère, tu voulais qu’elle serve. ATD Quart Monde rencontré en 1987 t’a permis de révéler ce désir de justice que tu portais si profondément.

Sur le mur de ton salon tu as gardé l’affiche « Quart-Monde Tous Citoyens » jusqu’à ta mort ce 16 mai 2015. Cinq jours avant, tes voisins et amis fidèles avaient appelé à l’aide car ils étaient très inquiets devant la dégradation de ton état de santé. Ils ne voulaient pas te contrarier mais ils sentaient bien que cette fois la situation était grave.

Ils ont assuré les copains, et maintenant ton chien Khéops est pris en charge par l’un d’eux pour qu’il reste dans le quartier.

Le logement a toujours été pour toi une cause prioritaire à défendre, toi qui en a été privé durant 10 ans. C’est cela que tu as voulu illustrer sur ton affiche dans le cadre du projet recto/ verso. Tu avais choisi d’être photographié dans les remparts de Maubeuge, là où tu avais trouvé refuge durant les hivers de galère. Pas pour te donner à voir personnellement, mais pour que cela serve ! A la sociologue venue t’interviewer  tu disais:« Moi des deux photos, je préfère celle où je suis de dos. On n’est pas reconnu comme ça. Moi de dos  : c’est tous les SDF … Même si pour autant je ne suis pas porte-parole. » Ou encore : « J’espère que ça va servir à quelque chose. Mettre dans leur tête à ceux qui vont venir les voir, au moins qu’ils se rendent compte que … Y a un message à passer. Voir la presse, ce qu’elle en pense. Les élus aussi. Surtout les élus, qu’ils remontent ça plus haut! »

Sur ton affiche tu as écrit : « Le monde de la rue, c’est le monde du silence, et la plupart des gens s’en balance ! »

A nous maintenant de faire entendre ton cri et que le silence des sans voix devienne assourdissant grâce à ceux comme toi qui ont osé le briser.

Tes funérailles ont lieu précisément le jour où Geneviève Anthonioz de Gaulle entre au panthéon. Tu as travaillé avec cette femme engagée depuis son enfance jusqu’à la présidence d’ ATD Quart Monde, en passant par la Résistance et la déportation. Résistants vous l’étiez tous deux, chacun à sa façon.

Merci Jean-Marie.