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Sans adresse

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La domiciliation comme enjeu de citoyenneté

De juin 2015 à décembre 2016, Martine  Abrous a conduit une recherche-action à la demande du Centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville de Saint-Denis (93). Il s’agit d’approfondir une précédente étude menée par la Direction Départementale de la Cohésion sociale en 2014 sur la question de la domiciliation. Son objectif  est de rendre compte de l’ensemble des situations des personnes qui sollicitent une domiciliation auprès du service de la ville de Saint-Denis, de comprendre  en quoi la domiciliation influe sur les différentes dimensions de l’accès aux droits (santé, ressources, travail, logement, citoyenneté, confiance en soi, relations avec les hébergeants pour ceux qui  sont hébergés).

Elle  se penche sur une catégorie administrative peu étudiée ou, en tout cas, peu envisagée sous cet angle : les personnes en demande d’une adresse stable.

L’étude est ancrée dans un territoire précis, la ville de Saint-Denis, qui a une forte tradition d’accueil des populations de toutes origines et a mis en place depuis 2010 un service d’accueil et de traitement des demandes de domiciliation. L’étude décrit assez précisément les conditions d’accueil, les files d’attente, le travail des agents. Tous, demandeurs et agents d’accueil, participent à travers cette étude à l’analyse du fonctionnement présent et à la recherche de points d’amélioration.

Le rapport est organisé en cinq chapitres qui rendent compte des trois piliers sur lesquels l’étude a avancé :

– un carnet de bord dont il reproduit des extraits;

– des entretiens individuels qui permettent d’illustrer des types de parcours d’hommes et de femmes, d’en montrer la grande variété, de dégager les contextes et les événements internes et externes mais aussi les ressorts et les forces aboutissant à la situation présente des personnes sans adresse, et donc sans stabilité ni sécurité;

– le  groupe d’entraide, constitué de personnes volontaires parmi celles qui demandent une domiciliation. Ce groupe a débouché sur la création d’une association (GESI 93, groupe d’entraide Solidarité Insertion) qui continue à agir à la fois comme groupe de soutien entre pairs, et comme force de proposition pour d’autres solutions que celles proposées par les institutions.

L’étude montre à la fois l’importance de l’accès à la domiciliation comme porte d’entrée indispensable pour ouvrir aux autres droits. Elle conclut  aussi que cet accès aux autres droits, pour être effectif, nécessiterait une meilleure coordination entre tous les services encore trop cloisonnés.

Brigitte Bureau

L’Harmattan – Logiques sociales – 2017 – 120 p.