Dix-sept nouvelles de quelques pages qui font vivre la vie, extrêmement misérable, des paysans mexicains dans le Llano, grande plaine brûlée par le soleil et impropre à la culture : « Le Llano ne sert à rien. Il n’y a ni lapins ni oiseaux. Il n’y a rien. Sauf quelques arbustes rabougris et de rares touffes d’herbe aux feuilles recroquevillées ; à part ça, rien ».

Chaque nouvelle aborde un aspect de la vie des paysans :
– la redistribution d’une terre sans eau : « Et sur cette plaque brûlante, ils veulent qu’on sème des grains, pour voir si quelque chose germe et pousse. Mais rien ne viendra, ici. Même pas les vautours » ;
– la violence des rapports avec les propriétaires terriens ;
– les filles qui se prostituent pour survivre ;
– les relations avec la justice ;
– la superstition ;
– la guerre civile ;
– la nature hostile : « En vérité, c’est un vent noir. Vous allez voir. Il plante ses crocs dans Luvina. Et on ne compte plus les jours où il emporte les toits comme des chapeaux de paille en laissant les murs nus, sans protection. Ensuite, il se met à gratter comme s’il avait des griffes : on l’entend du matin au soir, d’heure en heure, sans arrêt, gratter les murs, arracher des quartiers de terre, fouiller avec son crochet pointu au-dessous des portes, et, pour finir, on le sent tourbillonner en soi comme s’il voulait vous disloquer, tous les os de la carcasse »;
– et, l’incurie des hommes politiques.

C’est un livre magnifique qui vous serre le cœur parce que toutes les histoires sont désespérées et que le style vous atteint au plus profond. Une peinture réaliste de la misère des paysans mexicains par un des leurs.

Annick Mellerio

Gallimard – Folio – 2003 (réédition) – 240 p.