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La riche histoire des pauvres

La riche histoire des pauvres

L'histoire qu'on enseigne aujourd'hui occulte la face négative de nos sociétés. Ce serait pourtant évidemment un devoir civique, intellectuel et politique que d'étudier et enseigner les conditions de vie des pauvres, qui mènent souvent à leur exclusion, pour une meilleure compréhension des différences sociales.

L’histoire des pauvres et de la pauvreté est peu présente dans l’enseignement, bien que depuis les années 1970 beaucoup de recherches aient été menées sur ce thème, par des historiens et des sociologues.

Dès le Moyen Age, on distingue bons et mauvais pauvres et les vagabonds sont exclus de l’assistance qui s’organise. Au XIXe siècle encore, en Grande-Bretagne, on distingue les pauvres non méritants, en dehors des normes sociales, qui n’ont pas droit à l’assistance.

Après la crise de 29, les analyses mettent en valeur les causes structurelles de la pauvreté et la protection généralisée des pauvres apparaît comme la défense la plus efficace contre l’instabilité sociale. L’État intervient de plus en plus dans le courant du XXe siècle et, jusqu’aux années 1970, on pense qu’une politique sociale redistributive peut faire disparaître les dernières poches de pauvreté. Puis, avec le retour du chômage de masse, l’État social est critiqué et les politiques répressives des mauvais pauvres reviennent des États-Unis et de Grande Bretagne.

L’étude de la pauvreté à l’école doit se faire par une approche transdisciplinaire (histoire, éducation civique, économie, sociologie, géographie, histoire de l’art) et par l’analyse de l’image du pauvre dans la littérature, le cinéma.
« Sur ce sujet, peu traité dans les programmes, les élèves ont besoin de développer une réflexion critique face à une actualité qu’ils voient et qu’ils subissent le plus souvent passivement, sans aucune réflexion de fond. » (Jean-François Wagniart).

L’analyse doit se faire à trois niveaux :
– la réalité de la vie des pauvres ;
– les réactions de la société vis à vis des pauvres ;
– le pauvre comme acteur social et politique.

« Il ne faudrait jamais étudier l’histoire d’un succès ou d’une conquête sans chercher à en connaître le coût social ; ni l’histoire d’une société sans se demander ce qu’elle a fait de ses marginaux, de ses vaincus, de ses pauvres. Il est également important qu’elle s’intéresse aux projets, aux luttes et aux actes par lesquels des hommes et des femmes, de manière individuelle ou à travers des mouvements sociaux, ont cherché à résoudre les problèmes collectifs et à améliorer ainsi le sort des plus précaires et des plus dévalorisés. Ce qui permettrait aussi d’éviter de percevoir, et de faire percevoir, les victimes sociales selon une perspective anthropologique fondamentale qui les confinerait dans une sorte de fatalité invariante de l’histoire humaine ». (Charles Heimberg).

Annick Mellerio

Éditions Syllepse – Comprendre et Agir – (Institut de Recherches de la FSU) – 2007 – 136 p.