Travail, protections, statut de l’individu

Les textes rassemblés ici ont été publiés par l’auteur tout au long de ces dernières années, certains ont été remaniés ou partiellement réécrits. Il est malaisé de faire un résumé de cet ouvrage, tant le nombre de sujets qui y sont étudiés recouvre différents aspects de la société française. L’avant-propos, intitulé Une grande transformation, plus qu’un résumé, nous propose un remarquable outil de compréhension des transformations actuelles de cette société que l’auteur approfondit par la suite. Les titres des thèmes abordés dans les quatorze chapitres, répartis en trois parties, constituent cependant un bon aperçu de l’ensemble.

I – Les dérégulations du travail
– 1. le travail entre servitude et liberté : la place du droit
– 2. Quelle centralité du travail ?
– 3. Droit du travail : redéploiement ou refondation ?
– 4. Les jeunes ont-ils un rapport spécifique au travail ?
– 5. Au-delà du salariat ou en deçà de l’emploi ? L’institutionnalisation du précariat.

II – La reconfiguration des protections
– 6. Au nom de l’État social
– 7. Le travail social dans le devenir de l’État social
– 8. Qu’est-ce qu’être protégé ? La dimension socio-anthropologique de la protection sociale
– 9. Réformisme libéral ou réformisme de gauche ?

III – Les chemins de la désaffiliation
– 10. Le roman de la désaffiliation : à propos de Tristan et Yseult
– 11. Les marginaux dans l’histoire
– 12. L’exclusion, une notion piège
– 13. Pourquoi la classe ouvrière a perdu la partie
– 14. Citoyenneté et altérité : le traitement des minorités ethniques en France.

Une importante conclusion (une cinquantaine de pages), intitulée Le défi de devenir un individu : esquisse d’une généalogie de l’individu hypermoderne, permet d’entrevoir ce que pourrait être le rôle d’un État social « actif », renforçant les capacités des individus, plutôt que d’être un organisme d’assistanat bureaucratique et aléatoire : utopie ou espérance ? Mais le politique doit dans ce cas intervenir…

Gros ouvrage, très instructif sur l’état de la société française de ces dernières années, qui peut être abordé au gré de l’intérêt que l’on peut avoir pour les thèmes traités dans les 14 chapitres, chacun d’eux constituant une étude sociologique en soi. Il est néanmoins important de lire l’avant-propos et la conclusion qui reflètent la position de l’auteur, qui est aussi politique, sur les problématiques de la question sociale présente face aux mutations de « l’État social ». Le chapitre intitulé  L’exclusion, une notion piège est particulièrement actuel et révélateur.

Jean-Pierre Touchard

Éditions du Seuil – La couleur des idées – 2009 – 464 p.