Entrez votre recherche ci-dessous :

Aux Philippines, le défi du relogement

Les autorités relogent des familles de Manille menacées par la montée des eaux ou par la pollution. Mais certaines ne trouvent pas les moyens de subsister sur place. Un défi que gouvernement, les associations et les familles tentent de relever ensemble.

L’archipel des Philippines est le pays le plus exposé aux cyclones et le sixième pays au monde le plus exposé au réchauffement climatique (1). Une équipe d’ATD Quart Monde y est présente depuis 1987. Près de cent familles qu’elle connaît dans la capitale, Manille, ont été relogées ces derniers mois à trente ou soixante-dix kilomètres de la ville car elles habitaient dans des lieux en bordure d’eau, atteints par la pollution et par la montée des eaux. L’équipe mène des actions culturelles et d’alphabétisation à Manille et dans les quatre lieux de relogement.

« Pouvoir vivre dans une vraie maison, légalement, correspond au souhait profond des familles, explique Anne-Sylvie Laurent, membre de l’équipe récemment de passage en France. Elles disent que c’est une chance à saisir, que la possibilité d’avoir une maison ne leur sera pas offerte deux fois dans leur vie. Le loyer est modéré pendant trois-quatre ans. Puis il devient plus important.

Beaucoup espèrent laisser cette petite maison à leurs enfants. Mais il faut payer l’électricité, la nourriture, les fournitures pour l’école, etc., et la plus grande difficulté est de retrouver du travail sur place. Dans un des quatre lieux, au sud de Manille, le gouvernement et des associations ont mis en place quelques activités agricoles et économiques. Dans les trois autres, au nord, ce n’est pas encore le cas.

Un peu partout, des pères de famille sont obligés de retourner à Manille pour retrouver une activité de subsistance. Ils quittent leur famille deux semaines, travaillent et vivent dans des abris de fortune. Ils envoient un peu d’argent par SMS, reviennent deux jours et repartent. Plusieurs familles ne supportent pas cette séparation et retournent à Manille dans un habitat précaire. Elles sont alors considérées comme squatters. Elles ne peuvent pas bénéficier d’un autre relogement et les décideurs font reposer la faute sur elles. » (2)

JCS

(1) National Climate Change Action Plan 2011-2028, www.climate.gov.ph

(2) Voir aussi la vidéo http://bit.ly/1Cu2o91 sur le site « Unheard voices ».

Photo : le 23 septembre 2014, une équipe d’ATD Quart Monde rend visite, avec des livres et des jeux, à des familles de Manille touchées par la montée des eaux