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Idées fausses : « Vouloir éradiquer la misère est utopique » C’est faux !

Faux. C’est surtout la volonté citoyenne et politique qui manque.

Vaincre la pauvreté était, dans les années 1960 aux États-Unis, un objectif du président Johnson, qu’il estimait pouvoir atteindre en une génération. Cette politique ne fut qu’entamée, mais elle produisit de réels résultats, grâce en particulier à la hausse du salaire minimum et la création en 1965 du service public d’assurance santé Medicaid.

L’économiste Jean Gadrey estime à 20 milliards d’euros le coût annuel pour maintenir en France tous les citoyens au-dessus du seuil de pauvreté (1). C’est, ajoute-t-il, « à peu près ce dont les 10% les plus riches bénéficient annuellement en réductions fiscales successives sur le seul impôt sur le revenu depuis 2000 ». Une autre estimation chiffre ce coût à 15 milliards. On est bien en dessous du coût annuel du CICE accordé actuellement aux entreprises ! Et si l’on tient compte des coûts directs et indirects de la pauvreté qui disparaîtraient, cela abaisse encore plus le coût à terme de l’investissement nécessaire pour supprimer la pauvreté monétaire en France.

Cela ne permettrait pas de résoudre le problème de la misère et de l’exclusion dans ses différentes dimensions, mais ces quelques repères chiffrés montrent que des premières victoires sont possibles.

L’économiste Jeffrey Sachs affirme que l’extrême pauvreté pourrait être éradiquée dans le monde en vingt ans. Pourquoi, alors, n’y parvient-on pas ? Parce que, estime l’économiste William Easterly, les « planificateurs » de l’ONU et des organismes internationaux définissent des solutions « de haut en bas » inadaptées. Dans l’ouvrage Éradiquer la misère, Xavier Godinot et ses coauteurs montrent que les planificateurs n’ont pas pris en compte que la misère est non seulement un problème matériel, mais aussi le résultat de l’exclusion et d’un mépris social. Elle requiert une transformation de la relation entre inclus et exclus, ou entre aidants et aidés (2). Comme le prouvent également Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee dans Repenser la pauvreté (3), les politiques menées seraient plus efficaces si les personnes concernées y étaient associées.

Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, a déclaré le 2 avril 2013 que l’objectif de cette dernière était de « mettre fin à l’extrême pauvreté à l’horizon 2030, cet objectif étant désormais à notre portée (4) ». C’est ce que déclarait aussi son prédécesseur, Robert McNamara, à Nairobi… en 1973. À suivre…

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Merci à Lasserpe pour ce dessin.