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Université populaire Quart Monde de Lille, 28 janvier 2017 : la politique sous le feu des critiques

A l’Université populaire (UP) Quart Monde de Lille, le 28 janvier, les débats ont été animés autour du vote et des espoirs déçus.

Il est 13 heures 30. Dans la grande salle du centre social Mosaïque, Manu, jeune militant, s’inquiète. Le café n’est pas prêt. Dans la grosse bouilloire, l’eau chauffe trop lentement. Pour les participants qui arrivent en avance, du camembert et des biscuits sont disposés sur la table.

Un peu avant 14 heures, Manu respire : l’eau a enfin bouilli. Chacun se sert puis prend place. La cinquantaine de chaises sont vite occupées. Il faut en rajouter.

Aujourd’hui, on débat de l’engagement dans la cité autour du thème :  » Tous citoyens, tous politiques ! » L’invitée est Jacqueline Osselin, petite dame toute vêtue de noir, qui fut conseillère municipale à Mons-en-Baroeul puis députée du Nord de 1981 à 1988.

Anniversaires

On commence par la présentation des nouveaux : Cécilia venue avec sa mère Johanna de Fives, Sébastien, étudiant en école de commerce, Malika, bénévole à Roubaix, Frédéric, suppléant d’un député, etc.

Suit le temps réservé à l’échange de nouvelles. Daniel, un militant, a fêté hier son anniversaire – 68 ans – et celui de Christian tombe demain ! Sébastien et Louise vont relancer un groupe jeunes. L’équipe d’animation régionale vient de se renouveler…

Pour introduire le débat, Isabelle, co-animatrice de l’UP, rappelle que lors de la précédente université, on a échangé sur comment mieux vivre ensemble dans le quartier.  » Et on a montré que c’était possible, souligne-t-elle. Plus largement, à partir de nos engagements, qu’est-ce qui fait qu’on est citoyens ?  »

Défiance

Très vite, la défiance affleure à l’égard de la politique, quand ce n’est pas de la colère. Le groupe de Loos-en-Gohelle explique que  » c’est très compliqué de comprendre la politique  » : « Il y a eu des promesses non tenues, alors pourquoi on se prononcerait sur des futures promesses ?  »

Un désenchantement qui sera largement repris. Beaucoup ont la conviction qu’on ne veut pas les entendre.  » Ils emploient des mots qu’on ne comprend pas, pour endormir les gens « , accuse Christian.

L’UP se tient peu après les révélations sur le présumé emploi fictif de Pénélope Fillon et l’affaire vient téléscoper les débats.  » Son mari dit que les minima sociaux sont déjà trop hauts « , s’insurge Jean-Philippe.

Le scepticisme n’empêche pas des revendications de s’exprimer.  » On fait des demandes de logement, on les renouvelle, explique Martine, ils en construisent pourtant. Pourquoi ça traîne ?  » Jean-Philippe réclame  » une loi pour interdire les expulsions « . Daniel se bat pour l’accès aux droits de tous :  » dans mon immeuble, on ne ramassait pas les poubelles, j’ai téléphoné. »

Mémoire

Face à ceux qui ont renoncé à voter, certains s’inquiètent, évoquant le spectre d’une dictature. Un militant politique fait un vibrant plaidoyer en faveur de l’engagement. Jacqueline Osselin souligne  » l’importance de se se mettre ensemble pour agir  » et ajoute que pour faire avancer ses idées,  » l’étage associatif et l’étage municipal ne suffisent pas, il faut aller au plan national.  »

Fabienne plaide pour dépasser l’idée de promesses :  » Il faut lire les programmes et voir si on retrouve les valeurs humaines et collectives que nous défendons.  »

On cherche des arguments et des exemples convaincaints. Geneviève se lève et prend le micro :  » Des députés se sont battus pour la loi Territoires zéro chômeur de longue durée. Elle a même été adoptée à l’unanimité. Et maintenant des territoires se mettent en route.  »

D’autres ravivent les mémoires et rappellent tout ce qui a été gagné à l’issue de combats politiques. Comme les lois sociales de 1936 qui ont instauré les congés payés et dont on profite encore aujourd’hui.  » J’ai six enfants, poursuit Huguette, celui qui ne va pas voter, je ne l’invite pas au repas du dimanche.  »

La jeune Marjolaine tente une synthèse : « Au final tout le monde est intéressé par la politique. Le problème est quelle place on nous laisse pour participer « . Beaucoup approuvent.

Véronique Soulé

Photo : Université populaire de Lille le 28 janvier 2017 (ph. François Phliponeau)