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Université populaire Quart Monde Alsace: Joseph Wresinski, quel combat pour demain ?

Marc e Monique, lors de l’université populaire quart monde le 11 juin à Colmar.

Il aurait fêté ses 100 ans en 2017. L’Université populaire Quart Monde organisée le dimanche 11 juin par ATD Quart monde Alsace a été l’occasion de rendre hommage à Joseph Wresinski , fondateur du mouvement. En évoquant l’homme, son message ainsi que son héritage.

Marc Couillard est âgé de six ans, en 1959, quand sa famille est expulsée de son logement parisien. « On était onze enfants plus nos parents », raconte-t-il. Ils n’ont pas d’autre choix que de prendre la direction du bidonville de Noisy le Grand. C’est là qu’ils font la rencontre qui va changer la vie de Marc : celle du «  père Joseph. » Malgré l’interdiction d’héberger de nouveaux venus, l’homme d’église leur dégote un « igloo », un de ces abris de fortune en tôle froissée qui leur sert de refuge.

Soixante ans plus tard, Marc Couillard est une incarnation parfaite du combat mené par Joseph Wresinski. Il est toujours militant engagé. Et c’est avec un profond respect mêlé d’une affection évidente qu’il a partagé dimanche ses souvenirs du père Joseph : « C’est quelqu’un qui écoutait beaucoup. Qui écoutait les familles ». L’homme lui a fait faire sa première communion. « Un moment fort. » Marc se rappelle aussi la façon dont il coursait les enfants pour les obliger à aller à l’école. C’est ainsi qu’il les motivait: « En nous bottant le derrière ! » explique-t-il en souriant.

Monique, elle, a fait la connaissance de Joseph Wresinski en 1971, alors qu’elle est une jeune volontaire. « Il ne pouvait pas supporter qu’on fasse du mal aux familles », se souvient-elle. C’est là qu’elle rencontre Marc. Tous deux œuvrent aujourd’hui auprès d’ATD Quart monde Belgique. Invités de l’université populaire Quart Monde organisée dimanche par le mouvement Alsace, ils ne sont pas les seuls à avoir croisé la route de Joseph Wresinski. Cécile a été « scotchée » par un discours qu’elle a eu la chance d’entendre : « Il m’a rappelé ma responsabilité. » Comme s’il lui disait : « Cécile, fais quelque chose, engage-toi. Ce que tu as vécu doit servir à quelque chose. »

« Tu as deux bras, deux jambes, alors vas-y! »

L’homme d’église, né dans une famille pauvre d’Angers, avait l’art de retourner les situations, d’encourager les plus démunis à se battre. Monique se souvient de la façon dont il s’adressait aux jeunes qu’il rencontrait : « Vous êtes des jeunes qui avez de la chance. Si vous êtes là, c’est que vous avez pu faire un chemin. Ces choses là vous rendent responsable. » Un autre de ses messages : « Tu as deux bras, tu as deux jambes alors vas-y ! » Un homme capable, aussi « de pousser de grosses colères », se rappelle Marc.

« Il ne voulait pas qu’on dépende des autres », continue-t-il. C’est ainsi qu’il met fin à la soupe populaire distribuée dans le camp : avec lui, il faut se prendre en charge. « Il a veillé à ce qu’il y ait d’autre choses à la place », souligne Monique : un atelier pour permettre aux femmes de travailler. Un commentaire de la salle : « Quel courage il a eu ». Il crée aussi un coiffeur pour dame. « Ce respect, cet amour des gens… C’est quelque chose de très très fort », dit Mireille. Un respect qui se perçoit aussi à travers la chapelle qu’il avait construite, gardant une place pour chacun, quelle que soit sa religion.

Assis au premier rang, Daniel fait part des échanges par courrier qu’il a eus avec le père Joseph, l’année qui a précédé sa mort. Qu’ils l’aient rencontré ou pas, tous dans la salle, ont été marqués par le fondateur du mouvement.

L’université s’est poursuivie par un compte-rendu des différents groupes. Haguenau : « ATD est contre l’assistance, aide les gens à avancer. » Belfort a souligné le rôle fondamental joué par les universités populaires, Strasbourg a rappelé l’importance des bibliothèques de rue. Les alliés, eux, sont revenus sur la nécessité de se rassembler pour combattre la misère.

La rencontre avait commencé par un rappel des événements qui jalonneront l’année 2017 : en plus du centenaire de la naissance du père Joseph, il y a les 60 ans d’ATD Quart monde, les 30 ans de la journée du refus de la misère, les 30 ans du rapport Wresinski et les 50 ans de Tapori, courant d’amitié entre des enfants de tous milieux à travers le monde.