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UNE NOUVELLE LOI SUR L’absentéisme scolaire : QUE CHERCHE-T-ON ?

Communiqué de Presse, Paris, le 8 juin 2010

Pour la troisième fois depuis 2004, le Parlement est saisi d’une proposition de loi, du député Eric Ciotti, visant à la suspension des allocations familiales pour tenter de résoudre la question de l’absentéisme scolaire.
Outre que cette proposition ne fait que confirmer des dispositions légales existantes (depuis 1938) et qui, semble-t-il, n’ont pas eu l’effet escompté, le Mouvement ATD Quart Monde s’interroge : Que cherche-t-on réellement en ouvrant ce nouveau débat public sur cette question ancienne ? Tous ceux qui se préoccupent sérieusement de l’absentéisme scolaire – ou encore du « décrochage » – savent qu’une telle mesure ne résout rien et ne s’attaque nullement aux causes de cet absentéisme. En brandissant une telle menace, que veut-on ? Sinon désigner une partie des parents d’élèves comme irresponsables en évitant ainsi de s’interroger réellement sur les causes de cet absentéisme et de soutenir ceux qui cherchent à imaginer comment y faire face. Cela n’a pas échappé aux deux grandes associations de parents d’élèves (FCPE et PEEP), aux organisations professionnelles d’enseignants qui, toutes, dénoncent une telle proposition.

En réalité, l’absentéisme scolaire pose une question beaucoup plus grave et bien connue de l’éducation Nationale et de la communauté éducative dans son ensemble: « pourquoi l’école n’intéresse-t-elle pas certains jeunes ? Pourquoi un tel décalage entre le monde vécu par certains enfants et jeunes et le monde enseigné à l’école ? »
Face à cette question, ATD Quart Monde reconnait les efforts importants accomplis par certains pour rebâtir la confiance entre les partenaires de la réussite des enfants, en particulier avec les parents défavorisés qui ont souvent, avec l’école, une histoire douloureuse d’échec et d’humiliation. Des inspecteurs d’académie craignent que cette menace de suspension des allocations familiales ne cristallise un peu plus ces tensions et ruine cette confiance.

Pour sa part, ATD Quart Monde mène plusieurs « projets pilote » visant à rétablir un dialogue et une confiance entre parents et communauté éducative pour reconstruire la légitimité de la responsabilité de chacun : responsabilité des jeunes, des parents et de l’école. Cela demande de dépasser les peurs pour comprendre les contraintes et les défis de chacun. Cela demande une formation réciproque entre parents et enseignants.
Partout de telles expériences innovantes montrent qu’elles sont les plus efficaces pour lutter contre l’absentéisme scolaire.

ATD Quart Monde ne peut admettre que l’État brandisse une telle menace pour certaines familles dont le budget est déjà d’une extrême précarité alors qu’il refuse obstinément d’envisager la revalorisation des minimas sociaux qui, bien souvent, constituent leur seule ressource.