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Une journée avec l’équipe de Dakar

Des équipes permanentes d’ATD Quart Monde sont présentes dans une trentaine de pays. Mi-novembre, la journaliste Véronique Soulé a rencontré sur place des volontaires de Dakar, au Sénégal.

En septembre 2013, opération d'assainissement dans le quartier de Guinaw Rails à Pikine (photo F. Phliponeau)
En septembre 2013, opération d’assainissement dans le quartier de Guinaw Rails à Pikine (photo F. Phliponeau)

Dans le quartier défavorisé de Guinaw Rails, près de Dakar, les inondations ont été mieux maîtrisées cette année. L’État a enfin installé des canalisations – de gros tubes de béton – dans les rues principales pour permettre à l’eau de s’écouler. « Une victoire, se félicite MBaye Sega NDione, de l’équipe d’ATD Quart Monde à Dakar. Avec les habitants et les autorités locales, nous nous sommes battus pour cela. »
Comme chaque année à la saison des pluies, volontaires permanents et bénévoles, aux côtés des familles et de jeunes du quartier, ont travaillé quotidiennement, entre juillet et octobre, pour dégager la boue et rendre habitable le quartier, poussé sur un terrain inondable. Une ONG fournit des pompes pour extraire l’eau qui envahit les maisons. La « brigade » d’ATD Quart Monde, elle, y va à coup de pioches et de pics, « car toutes les familles en possèdent et nous travaillons ensemble, dans la solidarité », souligne Sega.
Après avoir, durant un an, dressé le bilan de leur action et mis au point un programme à venir avec les habitants, l’équipe de Dakar – cinq volontaires africains, trentenaires, sans compter deux autres permanents européens, basés dans un autre quartier – relance ses activités. Ce jour-là, trois nous reçoivent à Pikine, petite ville jouxtant Dakar. Outre Sega, sénégalais, il y a Nadege Ouilikon et Joachim Kobende, un couple de Centrafricains arrivés en décembre 2012, parents de quatre filles. Luc Gomis et Maimouna Kébé, absents, complètent l’équipe.
Le local est situé dans le complexe Léopold Sedar Senghor, petit immeuble blanc qui abrite des associations culturelles, artistiques, de soutien aux handicapés… Sur la porte, pas de grande affiche ATD Quart Monde. Une volonté d’être « comme des voisins et non comme des sauveurs d’une ONG », expliquent les volontaires. Une bibliothèque trône dans l’entrée. Dans la pièce principale, une grande table autour de laquelle on peut discuter, avec des peintures d’enfants aux murs.
L’équipe intervient dans trois lieux et vit sur place ou non loin : à Guinaw Rails, quartier de Pikine réputé violent, à Samsam, dans la banlieue de Pikine, et à Xelcom, à Dakar, bidonville où les habitants campent sur des terrains et se font régulièrement chasser. Beaucoup survivent en mendiant ou en récupérant des plastiques. Faute de pouvoir payer l’hôpital, des femmes accouchent parfois dans la rue.
Les enfants ne vont pas toujours à l’école. Les parents ont d’autres soucis – faire manger la famille. Et le coût décourage. L’école est gratuite, mais il faut payer la coopérative, l’assurance, les cahiers… En plus, pour s’inscrire, on doit fournir un acte de naissance que la plupart n’ont pas. Pour l’obtenir, les volontaires d’ATD Quart Monde les aident à présenter un dossier lors des « audiences foraines » – lorsque l’administration se délocalise dans les quartiers. Certaines familles optent aussi pour les écoles coraniques où l’on enseigne l’arabe et le Coran.
L’équipe n’a pas encore tout tranché, notamment l’avenir des bibliothèques de rue. En attendant, fin septembre à Xelcom, elle a organisé une « semaine des savoirs partagés ». Et les activités ont fait le plein.

Véronique Soulé

→ Voir la belle vidéo « Dakar, l’étincelle de l’engagement » sur http://bit.ly/1upMjXJ