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Une formation pour manager autrement : quatre points de vue

A quoi peut servir une telle formation ? Deux salariés de TAE et deux personnes du monde de l’entreprise commentent.

Gilles, 47 ans, à TAE depuis 2007.

 » Je participerai avec plaisir à l’activité de formation parce que je trouve que dans toutes les entreprises, il faudrait plus de souplesse comme à TAE. Les entreprises devraient s’adapter au rythme des gens quand certains ne sont pas très rapides.

J’ai été sept ans dans la grande distribution, conseiller de vente. Ici, on prend plus le temps d’écouter. On est patient, on vous laisse prendre vos marques. Une chance d’être ici car on est mieux considéré.

Je suis dans l’équipe Informatique. Tous les vendredis matins à 8 heures, je vais au cours de yoga. Ça donne un bien-être sur le plan émotionnel, on décompresse. Je suis responsable de l’enquête Ambiance qu’on fait chaque semaine pour sentir le moral des gens, si quelqu’un ne va pas bien. Depuis un an, les gens rajoutent des commentaires libres. Ils mettent des mots qu’ils n’osent pas dire haut et fort.  »

Chantal, 55 ans, à TAE depuis 2003.

 » Je suis impatiente que commence la formation. J’ai envie que TAE aille plus loin. Je pourrais donner des astuces quand il y a un conflit entre collègues, expliquer comment on dialogue entre nous.

TAE m’a permis de revenir dans le monde du travail après des années de précarité. J’ai commencé par l’équipe Ménage. Puis j’ai demandé le Bâtiment ou l’Informatique. On m’a dit OK pour l’Informatique. Je ne savais pas me servir d’un ordinateur. J’ai appris et maintenant on me demande de former les jeunes qui arrivent. Si on m’avait dit que je serais dans l’informatique… Nous qui venons de la précarité, nous sommes capables, comme les autres.

Je suis dans le groupe  » Vie de l’équipe « . Ici, on fête tous les anniversaires. Je dessine moi-même les cartes, je tricote des écharpes pour offrir en cadeau. TAE, c’est un peu ma deuxième famille.  »

Isabelle Loss, cheffe d’entreprise, conseillère municipale à Jouques (Bouches-du-Rhône).

 » J’ai participé à l’élaboration de la formation de TAE. Elle est extrêmement utile pour toutes les entreprises qui accueillent des salariés ayant des attentes et des comportements très divers. Elle permet d’apprendre à bien fonctionner ensemble sans se prendre la tête.

Je pense par exemple aux entreprises à but d’emploi (EBE) créés dans le cadre de Territoires zéro chômeur de longue durée. Alors que les entreprises classiques recrutent à partir d’un certain nombre de critères, les EBE se crèent à partir de zéro, avec des gens extrêmement divers, les chômeurs de longue durée qui se présentent.

Il n’est pas évident de les faire travailler ensemble. Il faut absolument poser un cadre pour créer des liens. D’où l’importance de rituels comme à TAE – demander des nouvelles des absents, passer ensemble des moments festifs… Cela peut paraître enfantin et simple mais c’est puissant. Ça permet de déminer des problèmes qui montent, de mettre un peu de douceur dans des moments difficiles.  »

Olivier Libbrecht, directeur de l’entreprise à but d’emploi (EBE) de Jouques créée dans le cadre de Territoires zéro chômeur de longue durée.

 » Nous avons eu droit à une formation en raccourci. Didier Goubert et trois salariés de TAE sont venus pour une journée d’échanges. Cela a été très intéressant pour nous tous d’écouter ces personnes ayant une telle expérience, dans un contexte qui n’est toutefois pas tout à fait comparable. Ici, nous n’avons pas de salariés compagnons par exemple.

Cela a alimenté notre réflexion sur les méthodes présentées, sur les idées qu’on pourrait reprendre. Cela nous a permis de prendre du recul sur comment notre collectif fonctionne, chacun a réfléchi à son comportement.

Pour moi, le plus difficile est de faire adhérer les salariés à une vision et un projet commun. Comment construire un collectif ? On a tellement d’impératifs – développer l’entreprise, créer des emplois non concurrentiels, etc.

Idéalement, cette formation devrait être dispensée le plus en amont possible à tous les acteurs des futures EBE, avant qu’elles ouvrent, sur tous les territoires candidats. Cela aiderait à construire une culture d’entreprise. »

Propos recueillis par Véronique Soulé