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Un réflexe courageux et humble : des professionnels recherchent le soutien de citoyens

Une puéricultrice de PMI (Protection Maternelle et Infantile) appelle le secrétariat des comités « Solidaires pour les droits », très inquiète : « lundi, les parents V ont une audience de fin de mesure pour leurs 3 enfants. Ils n’étaient pas allés à la première audience. Il y a grand risque que leur grande soit placée. » Et d’expliquer le désarroi de l’équipe de ce centre de PMI, qui estime que les parents entourent leurs enfants d’amour, mais que, effectivement, les conditions de vie sont très difficiles : M. et Mme sont hébergés chez les parents de Mme qui habitent un pavillon insalubre et accueillent aussi d’autres membres de la famille. « Avec l’équipe, on est allé au bout du bout. »

Que répondre ? En premier lieu que, face au juge, les parents doivent pouvoir s’expliquer, dire leurs conditions de vie et les efforts qu’ils font pour qu’ils aient une vie heureuse malgré les difficultés. « Puis-je accompagner ces parents ? » Le juge peut refuser la présence d’une personne dont il ne connaît pas les liens avec la famille ; un avocat serait, en principe, idéal. En principe, car comment en deux jours expliquer ce droit à la famille, faire un dossier de demande d’aide juridictionnelle, et surtout : l’avocat disposera-t-il suffisamment de temps pour rencontrer la famille et connaître le dossier ? Question rimordiale : les parents le souhaitent-ils ? « Il faudrait un déclic pour que cette famille « bouge », ose se défendre et ne subisse pas. »

Cette puéricultrice avait fait tout ce qui était en son pouvoir, mais n’a pas voulu abandonner cette famille, c’est ainsi qu’elle a osé demander de l’aide. Cela semble illusoire, dans la précipitation, de faire bien. L’application stricte des droits n’est pas une solution suffisante : ce dont ces parents ont le plus besoin c’est de ne pas rester seuls dans leurs difficultés. Pour finir les parents sont allés seuls à l’audience et leur fille ainée a été placée, mais dans de bonnes conditions.

La semaine suivante cette puéricultrice organise un rendez-vous avec la Maman et Jean, membre d’ATD Quart Monde vivant dans la même ville. Le courant passe ! Jean écrit : « Suite au rendez vous que vous avez organisé dans vos locaux, avec Madame V, nous l’avons raccompagnée. Elle semblait assez à l’aise pendant le trajet et nous a donné des explications pour le parcours. Lorsque nous avons garé la voiture,nous l’avons sentie beaucoup plus tendue et avant de franchir le portail, nous lui avons redemandé de nous dire franchement si cela la gênait que l’on aille jusque chez elle. Après un court moment de réflexion elle nous a dit : «Non, rentrez». Mais nous n’avons pas pu faire plus qu’un demi pas dans la première pièce tellement celle-ci est surchargée.(…) Nous n’avons pas pu rester très longtemps , nous avons dit qui nous étions et nous lui avons donné nos numéros téléphones.
Nous y repasserons un soir vers 18heures, après le nouvel an. Il y avait un beau sapin, bien décoré ; la grande fille, très à l’aise, nous a montré le cadeau qu’elle avait eu pour Noël ; le bébé venait de prendre un bain et allait manger. Le grand père a demandé qui on était à notre arrivée, et nous a souhaité «bonnes fêtes», lorsque nous sommes partis.»

Un bénévole du Secours Catholique, spécialisé dans le Dalo est d’accord pour se lier avec cette famille afin, entre autres, de réactiver le dossier laissé en suspens. Une fois la confiance un peu installée avec Jean, celui-ci lui expliquera que d’autres veulent les soutenir. Une rencontre tous ensemble sera organisée. Ils proposeront aussi cette mobilisation commune à la directrice de l’école qui a toujours défendu ces parents alors que le rejet au sein de l’école se faisait sentir.

Depuis la maman a retrouvé plein d’énergie. Elle est allée voir l’assistante sociale de l’école et a contacté une association de quartier pour la question du logement. Elle a décidé de mettre la petite à la crèche pour son épanouissement. C’est le départ d’une longue lutte pour que cette famille puisse à nouveau être réunie, sous un toit qui lui sera propre. Gageons que les énergies de chacun, la conviction des membres du comité que le droit est pour tous, le soutien au jour le jour qu’ils pourront apporter à cette famille pour lui donner les moyens de se battre, tout cela fera que M. et Mme V. gagneront leurs combats. Il faut souligner ici la qualité du soutien de l’équipe de PMI qui a su garder la confiance de cette famille : elle a réussi à convaincre les parents de la nécessité d’aller au jugement. Elle a été assez « humble » pour faire appel à d’autres citoyens qu’elle a présentés à la famille, leur faisant ainsi découvrir l’utilité de s’allier à d’autres et continuer les démarches.