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UN DAVOS DU REFUS DE LA MISERE

Un sommet international organisé par ATD Quart Monde à l’UNESCO l’affirme : la misère est une violence. Il faut rompre le silence, seule façon de construire la paix.
« Celui qui reste silencieux ne reçoit pas justice, on ne peut plus se taire et laisser parler ceux qui savent. » résume Dona Valentina du Pérou. Voilà bien l’esprit du colloque international « La misère est violence » qui s’est terminé jeudi 26 janvier 2012, à la maison de l’UNESCO (Paris). Plus de 300 personnes ont témoigné et réfléchi ensemble sur la violence qu’impose une vie dans la misère. La force de cette journée a résidé dans la confrontation du savoir d’expérience des personnes très pauvres recueilli au même rang que celui des intellectuels ou personnalités qui se sont exprimés tout au long de cette rencontre. Au micro se sont succédés des chercheurs, de l’université d’Oxford ou de la Haute école d’éthique du Japon, des représentants de l’UNESCO, de l’ONU, mais aussi des personnes très pauvres, venues de 31 pays, comme le Pérou, Haïti, le Burkina Faso et la France.

Ce colloque clôturait trois années d’échanges et de recherche, pendant lesquelles plus de 1000 personnes sur 5 continents ont contribué et réfléchi à la violence de la misère, lors de sept séminaires organisés dans toutes les régions du monde. Comme l’a rappelé Diana Skelton de la Délégation générale du Mouvement international ATD Quart Monde, « Les termes de violence et de pauvreté sont utilisés pour rendre les personnes pauvres responsables de leur situation. Cette recherche a démontré qu’en fait c’est l’extrême pauvreté qui est une violence. »

Des interventions très fortes ont souligné la non-reconnaissance de ceux qui vivent dans la misère comme des êtres humains. Bien des projets de lutte contre la misère ne sont pas adaptés à leurs besoins et on fait reposer sur les populations un échec dû à un système qui ne les écoute pas. Ces personnes subissent de plus des violences institutionnelles et politiques, par le déni de leurs droits fondamentaux. Ces constats ont permis à chacun d’identifier des formes de violence parfois insoupçonnées, souvent niées et jamais nommées, dont les victimes sont réduites au silence : « si tu es sûr qu’on ne va pas te comprendre, tu te tais. » Au cours de cette journée, ont aussi été mis en valeur les actes et les chemins vers la paix construits patiemment, jour après jour, par les personnes très pauvres. Actes de paix quotidiens totalement ignorés.

Une condition essentielle pour résister à la violence, c’est l’alliance entre tous les défenseurs des droits de l’homme, pauvres ou non. Nadine, du Nord de la France, l’a rappelé « c’est dans le combat avec d’autres qu’on gagne une paix intérieure, que je réussis à ne pas m’énerver devant les difficultés. » Pour Ivanite d’Haïti : « quand on se met ensemble, on a moins de problèmes dans sa tête. »

Ce colloque s’est conclu sur deux interpellations formulées au nom du Mouvement international ATD Quart Monde par son délégué général Eugen Brand :

– comment associer les premiers concernés et répondre ainsi à l’interpellation du secrétaire général des Nations Unies M. Ban Kimoon à propos de l’échec des Objectifs du millénaire qui n’atteignent pas les populations les plus pauvres dans le monde ?

– comment les instances internationales, et notamment le Comité Nobel pour la paix, pourraient enfin reconnaître et honorer les efforts de paix faits par les gens les plus pauvres, qui veillent à bâtir la paix toutes les nuits, tous les jours, là où ils vivent ?