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Un chantier d’été pour « sortir de sa bulle »

Pendant l’été, huit chantiers ont été organisés par ATD Quart Monde, permettant à une centaine de jeunes de se retrouver autour d’un travail manuel et d’échanger sur la manière dont ils voient le monde.

Assise dans le sable, truelle à la main, Sonia aligne consciencieusement les pierres pour paver un chemin. La jeune fille, qui vient de terminer une année de classe préparatoire littéraire, n’a pas vraiment l’habitude de réaliser ce type de travaux, mais elle écoute les conseils de Téo. À peine plus âgé qu’elle, cet informaticien enchaîne les chantiers depuis un peu plus d’un mois et maîtrise maintenant certaines techniques.

Quelques mètres plus loin, un mur s’est effondré lorsque les jeunes ont voulu enlever le lierre pour refaire la toiture de la bergerie. Jessy, Maëlys et Jeanne ont déjà commencé à préparer le mortier pour le reconstruire. Du 13 au 17 juillet, ils sont une vingtaine de jeunes de 16 à 29 ans à avoir participé à un chantier au Centre international d’ATD Quart Monde à Méry-sur-Oise.

Peinture, menuiserie, maçonnerie, les travaux ne manquent pas, mais l’objectif premier est de faire naître le dialogue. « Cela permet à des jeunes qui ont une vie différente de se découvrir et de voir qu’ils font partie d’une même jeunesse. Quand on est dans la discussion, dans le débat, certains ont plus d’aisance, alors que, quand on transpire tous ensemble, qu’on se tape sur les doigts avec un marteau, la situation est un peu nouvelle pour tout le monde », souligne Jean Venard, coordinateur des chantiers jeunes.

«Une grande claque»

Cette session réunit notamment plusieurs militants Quart Monde et des jeunes engagés dans des mouvements de protection de l’environnement. « Après une période de militantisme très politique, j’avais besoin de me reconnecter avec des actions concrètes», souligne Romaric, 24 ans. « Je suis pas mal engagé sur la question écologique, mais je vois bien que, dans nos mouvements, on est un peu tous du même milieu social. On parle de justice sociale sans vraiment connaître, cela a des limites », ajoute Romain, 22 ans. Même constat chez Corentin, 23 ans : « C’est bien de sortir de notre bulle, car même quand on est conscient que la misère existe, ce n’est pas facile de l’appréhender ».

Entendre le témoignage de Jessy, militant Quart Monde de 29 ans, le deuxième soir du chantier, tous rassemblés autour d’un feu de camp, a été pour beaucoup « une grande claque », à l’image de Guillaume, 21 ans, étudiant en politiques publiques. Iris, 16 ans, se souvient qu’elle a « déjà fait des actions avec des associations, mais avec des personnes qui parlaient de ce qu’elles avaient appris dans les livres sur la pauvreté, mais ce n’était pas du vécu ». La lycéenne parle ainsi d’un « choc des réalités ».

Mais pour Jessy, ce chantier, comme tous ceux qu’il a fait depuis plus de dix ans, est l’occasion à la fois de partager ses connaissances manuelles, en tant que couvreur, et de parler des difficultés auxquelles il a été confronté. « Cela peut contribuer à changer les regards sur la pauvreté. Ici, on se sent écouté et je repars avec une nouvelle famille à chaque fois », explique-t-il. Ce partage d’expériences permet, selon Jean Venard, de « prendre la mesure du chemin qu’il nous reste à faire les uns vers les autres ». Julie Clair-Robelet

 

Informations et inscriptions pour les chantiers jeunes  : chantiers.jeunes@atd-quartmonde.org

 

Photo : Chantier jeunes à Méry-sur-Oise en juillet 2020. © Carmen Martos, ATD Quart Monde