
Territoires zéro chômeur de longue durée se lance à Paris
Le 13ème arrondissement s’est lancé dans l’expérimentation. Reportage à l’entreprise à but d’emploi (EBE) » 13 Avenir « .
Il est 9 heures 30 et le brouillard ne se lève toujours pas sur Paris. Qu’à cela ne tienne ! La petite troupe démarre pour la » balades des initiatives » promise par 13 Avenir. L’entreprise à but d’emploi (EBE) créée dans le 13ème arrondissement dans le cadre de Territoires zéro chômeur de longue durée, veut présenter ses activités.
Le 26 octobre dernier, 13 Avenir participait ainsi à la » grève du chômage « . L’objectif : montrer, par cette action symbolique, que personne n’est inemployable, qu’il existe des emplois utiles localement mais non satisfaits ainsi que de l’argent pour les financer, notamment en redirigeant le coût du chômage. Des convictions au fondement du projet Territoires zéro chômeur de longue durée.
Avant de s’élancer, Elisa Lewis, la directrice de 13 Avenir, enfile sa chasuble bleue bien visible avec le logo du projet. Habib embarque » l’urne de l’engagement » pour les personnes rencontrées qui voudraient s’impliquer. Avec Fousseynou, il est le premier salarié de l’entreprise qui en comptait 8 à la mi novembre – il a signé son CDI le 25 avril 2017.
Premier arrêt à quelques mètres, devant les pieds d’arbres végétalisés de la rue – fleurs, tomates et même une blette. » Lorsqu’on les entretient, les gens s’arrêtent et discutent avec nous, expliquent les salariés, ça change l’atmosphère du quartier. » Le Théâtre 13, en face, a passé commande pour les arbres devant son entrée. 13 Avenir va démarcher le supermarché voisin. » Deux fois par an, on va aussi organiser des balades du quartier, les enfants pourront adopter un arbre. »
On fait escale au centre d’ animation Oudiné. Le mardi après-midi, 13 Avenir y tient une permanence. Communiquer, expliquer le dispositif, qui n’est pas simple, est un vrai défi. D’autant que le projet est au service des territoires et qu’il se met en place à partir des idées des habitants eux-mêmes.
Elisa Lewis désigne un ensemble de bâtiments vers la Porte d’Ivry. » Nous allons lancer une conciergerie à destination des agents de la Ville de Paris qui vont venir s’y installer et des habitants seniors, explique-t-elle. L’idée est de répondre à un besoin de services de proximité – retouches, réparation de vélos, visite de personnes âgées à domicile, livraison de repas… Mais attention : on ne va pas créer des services qui existent déjà – nous ne faisons pas de concurrence, c’est dans notre ADN. On veut les rendre accessibles et créer un tissu de solidarité d’hyper proximité. »
Ultime arrêt : le jardin partagé Régnault. Tomates, basilic, thym, blé ancien… Les cultures ont poussé dans des bacs faits avec du bois de cagettes. Le jardin, créé par 13 Avenir, est ouvert en permanence aux habitants de la résidence. Et il a du succès. Les bancs, également en bois de récupération, sont régulièrement occupés. Et à la demande des habitants, on prévoit de faire pousser des petits pois et du persil à la prochaine saison.
Il est midi passé. C’est souvent l’heure où la vieille dame du 17ème étage descend avec son petit chien. La voilà qui arrive lentement, appuyée sur sa béquille. Elle va tout droit vers Paolo, en charge du jardin, pour bavarder. Un rituel.
Véronique Soulé
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Photo : lors de « la balade des initiatives » avec « 13 Avenir » le 26 octobre 2017. ©VS