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Territoires Zéro chômeur de longue durée, c’est parti !

L’expérimentation peut enfin débuter. Les premières entreprises à but d’emploi qui ouvrent sont prêtes à relever le défi. Rendez-vous dans cinq ans avec les résultats de l’évaluation. Dossier réalisé par Véronique Soulé.

Après des mois, voire des années de préparation et de bataille pour obtenir une loi l’autorisant, l’expérimentation Territoires Zéro chômeur de longue durée, initiée par ATD Quart Monde, se met en place. Dès janvier, des entreprises à but d’emploi (EBE) ouvriront leur portes dans plusieurs territoires parmi les dix retenus. Ce qui paraissait à certains un projet utopique au départ est en passe de devenir réalité.

Un peu partout, les directeurs des nouvelles entreprises à but d’emploi, au coeur du projet, ont été nommés. Certains ont choisi de travailler en tandem, reflet de l’esprit collectif qui prévaut.

Des locaux ont aussi été trouvés. Mais il faudra encore les aménager. Les anciens chômeurs qui seront recrutés vont y contribuer, d’autant que le carnet de commandes des entreprises ne sera pas plein tout de suite. De même pour l’encadrement et la partie administrative, on va d’abord chercher les compétences parmi les nouveaux salariés.

Les situations diffèrent d’un lieu à un autre. Certains territoires – les « historiques » – sont partis très tôt et devant les retards pris par la loi, il a fallu parfois remobiliser les chômeurs las d’attendre. D’autres, arrivés plus tard, se sont lancés dans l’aventure avec une belle énergie, profitant des expériences accumulées. Chez les « ruraux » comme les « urbains », on se dit prêt à relever le défi.

Lors d’entretiens individuels, les demandeurs d’emploi ont exposé leurs compétences, leurs envies de travailler dans tel secteur ou de s’essayer dans tel autre. Des activités utiles ont été identifiées avec le souci de ne pas concurrencer les entreprises locales – services à la personne (transport de personnes âgées, réparation d’ordinateurs…), bâtiment (entretien du petit patrimoine…), animation (bibliothèque itinérante, jardin partagé…), agriculture (maraîchage, circuit court), etc.

Dans un premier temps, les EBE vont être financées par le Fonds d’expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée (voir ci-dessous). Pour se constituer une trésorerie de départ, elles ont aussi cherché des fonds auprès de partenaires locaux. Il faudra tenir avant qu’elles perçoivent le fruit de leurs activités.

Nous avons interrogé des acteurs au cœur du projet dans plusieurs territoires. Enthousiastes, impatients et parfois anxieux, tous ont le sentiment de participer à une expérience inédite qui pourrait révolutionner la façon de voir et de traiter le chômage.

Un projet co-construit

Des habitants et des chômeurs planchent à Villeurbanne.

Il est 14 heures, la réunion débute à l’Espace 30, la Maison des services publics du quartier Saint Jean à Villeurbanne. Chaque jeudi, un comité d’habitants puis un comité de chômeurs s’y retrouvent pour préparer l’expérimentation Territoires Zéro chômeur de longue durée. En cette fin octobre, on attend l’annonce des dix candidats qui pourront se lancer.

Paul Bruyelles, le futur directeur de l’entreprise à but d’emploi, commence par donner des nouvelles. Il a bon espoir de voir la candidature retenue, « sinon ce sera le plan B ». Puis il évoque la réunion publique avec le maire où l’on a débattu du nom de la future entreprise – « Canal Job », « Excédent Brut d’Emplois », « Elévation », « Saint Jean en marche », « L’entreprise de l’espoir »…

Chacun rend compte ensuite de l’avancement du dossier sur lequel il a travaillé. Christine était dans le groupe sur les cours de soutien scolaire. Paul Bruyelles rappelle : on part du fait que « ça n’existe pas ». « Nous avons de très bonnes relations avec le centre social qui en fait pour les enfants, explique Christine, pour ne pas les inquiéter, on proposera des sessions à partir de la 5e ou de la 4e. »

À ses côtés, Philippe, qui a fait de la manutention, est intéressé par le projet avec la Cuisine centrale – récupération de repas invendus et de déchets bios des cantines. René, vieil habitant de Saint Jean, souligne que le quartier doit avoir « la chance » de mener le projet : « pour montrer qu’il est positif et qu’il n’attend pas tout des institutionnels ».

Lire d’autres témoignages d’acteurs du projet

Le financement du projet

Les entreprises à but d’emploi seront financées par la réaffectation des coûts du chômage et par leur propre chiffre d’affaires. Mais pour démarrer, le Fonds d’expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée, abondé par l’Etat et les collectivités territoriales volontaires, financera le projet. Présidé par Louis Gallois et dirigé par Patrick Valentin, il est doté de 14 millions d’euros pour 2017.