
Témoignages sur les réfugiés
« Le courage des réfugiés »
Jeanne-Véronique Atsam Monengomo, membre d’ATD Quart Monde au Cameroun (1).
« Du courage, il en faut pour être réfugié. Car être réfugié, c’est tout laisser pour sauver sa vie, aller vers l’inconnu pour tout recommencer, voir sa famille se déchirer ou simplement être disséminée.(…) C’est l’histoire de ce père de trois enfants qui, surpris par des assaillants ayant envahi le village dans lequel il vivait en République Centrafricaine, n’a pas eu le temps de prendre avec lui dans sa fuite son fils handicapé des jambes. Les deux autres l’ayant suivi parce qu’ils pouvaient courir à travers champs, se sont retrouvés avec leur père au Cameroun avec, dans le cœur, la douleur de n’avoir pas su sauver leur frère et fils.
La forte mobilisation nationale et internationale aidant, l’enfant handicapé a été retrouvé sain et sauf et sa famille a été localisée au Cameroun. Mais les retrouvailles étaient difficiles, la culpabilité du père et des frères étant grande. Il fallait trouver du courage pour se regarder dans les yeux, pour se parler, pour s’embrasser. Être réfugié, c’est aussi parfois avoir le courage, la force de pardonner et de se pardonner. »
(1) texte publié sur https://unmondeautrementvu.wordpress.com/2014/08/14/il-faut-du-courage-pour-etre-refugie/
« On est humain »
Marcel Le Hir, militant d’ATD Quart Monde à Rennes
« C’est légitime que des personnes qui vivent des situations très dures en France disent fortement : « Les réfugiés seront servis une fois de plus avant nous, et on va rester comme ça ». On tire à boulets rouges sur des gens qui souffrent, on coupe le gaz pour factures impayées… C’est normal que leur colère surgisse devant ce qui se passe, c’est aussi ma colère. Mais en même temps, on ne peut rester les bras croisés et les laisser car on est humain. Nous aussi, on a été déplacés à un moment de notre vie. Ca a fait flash dans ma tête en voyant ça : j’ai revu mes parents expulsés de leur logement par des concitoyens, dont personne ne voulait, vivant dans des taudis… Aujourd’hui nos mentalités ont changé : on doit aider les réfugiés en faisant très attention à ne pas remettre de la misère sur la misère.»
« La galère qu’ils vivent »
Micheline Adobati, militante d’ATD Quart Monde à Nancy
« Je veux mettre les points sur les i : il ne faut pas croire que les réfugiés économiques parce qu’ils sont en hôtel social vivent comme des pachas. J’accompagne une famille kosovare de 7 personnes qui soi-disant profite de l’argent de l’Etat. Elle loge gratuitement dans deux chambres d’hôtel. Elle n’a qu’un micro-ondes pour cuisiner et ne mange que du froid, des sandwiches. Elle touche 400 euros par mois. Déposer le dossier à la préfecture coûte 50 euros par personne, le récépissé valable 4 mois 260 euros… Ils attendent le titre de séjour depuis 5 ans. Ce qui m’interpelle le plus dans l’immigration, ça n’est pas que ça va nous appauvrir alors qu’on est déjà pauvre, mais cette galère qu’ils vivent. »