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Témoignages d’acteurs des « Territoires zéro chômeur de longue durée »

« Nous allons y arriver »

Laure Descoubes va co-diriger l’entreprise à but d’emploi de Thiers (Puy-de-Dôme) où l’expérimentation porte sur deux quartiers prioritaires de la ville.

« Le fait d’avoir été retenus nous a encore boostés. Certains, ici, n’y croyaient pas. Ils voient que c’est concret et que cela va se faire. Vous demandez si je suis inquiète ? Comment ne pas l’être dans le cas d’une expérimentation aussi innovante ? Mais je passe par dessus, sinon je ne ne serais pas là. Je sais que nous allons y arriver.
L’objectif est d’ouvrir notre entreprise à but d’emploi au premier trimestre 2017, le 1 er mars étant la date butoir. Puis au second trimestre, nous recruterons les 30 personnes privées d’emploi avec qui nous avons co-construit le projet et qui en constituent le noyau dur. D’ici la fin 2017, nous devrions avoir embauché les 70 personnes qui se sont dites intéressées.
Nous voulons une structure la plus horizontale possible. Nous allons tous fonctionner en binôme. Il y aura une autre directrice issue des quartiers prioritaires, nous serons deux co-gérantes. Pour les cinq pôles d’activités de l’entreprise – services à la personne et mobilité, valorisation du patrimoine et de la nature, recyclage informatique, garage solidaire et pôle culinaire -, il y aura des co-coordinateurs issus de ces quartiers.
Du travail, nous en aurons. Nous en avons déjà identifié. Les entreprises, frileuses au début, comprennent maintenant bien le projet. Certaines me signalent des activités qu’elles ne font pas ou plus car non rentables, et qu’elles nous confieraient bien. »

« On ouvre »

Guillaume Bonneau et Serge Mahric vont co-diriger l’entreprise à but d’emploi de Pipriac Saint-Ganton (Ile-et-Vilaine).

« On ouvre début janvier. On ne sera sans doute pas complètement prêt mais on continuera à se préparer avec des salariés. On a déjà trouvé ensemble le nom de l’entreprise : TEZEA. Ca ne vous dit rien ? Tant mieux, c’est le but : on ne veut pas donner l’image d’une entreprise qui fait travailler des chômeurs. Nous sommes une entreprise normale ayant pour vocation de créer des emplois. On a même le logo : TEZEA un emploi pour tous.
La formation des futurs salariés est un enjeu important. L’objectif est de les faire monter en compétences. Si on peut trouver parmi eux les encadrants de l’entreprise, c’est le mieux. On a déjà une dizaine de salariés partis en formation – en comptabilité, secrétariat…
On a beaucoup d’heures de travail. Pipriac a eu un projet de musée de l’imprimerie. Il reste une collection de machines, Une personne va les entretenir. Une autre pourrait seconder la couturière de Saint-Ganton : quand elle a un pic, elle travaille 12, voire 14 heures par jour. Côté production, on pourrait transformer le bois de palettes en mobilier l’hiver. On a aussi des pré-commandes d’entreprises.
On va démarrer très vite avec 80-100 personnes dans la multi-activités. Ca ne s’est jamais vu ! C’est tout un travail de préparation pour cerner les compétences et mettre les salariés au plus près de leur souhait. On va se débrouiller pour rendre tout ça possible. »

« Des bénévoles nous aident »

Agnès Thouvenot, adjointe au maire de Villeurbanne (Rhône) chargée notamment de l’emploi, a porté le projet qui concerne le quartier Saint Jean.

« Les situations de grande pauvreté concernent aussi les zones urbaines. Et l’une des causes est la privation d’emploi. Pourquoi avoir choisi Saint Jean ? C’est un quartier Politique de la ville, délimité, entre une autoroute et un canal, et de taille modeste – 3500 habitants –, ce qui correspond au projet. Il y a une vraie mixité : beaucoup d’entreprises, des PME et TPE surtout, un quartier d’habitat social, des familles issues de parcours migratoires, beaucoup de discriminations.
L’enjeu a été de construire le projet avec la Ville, la MRIE (Mission régionale d’information sur l’exclusion), les habitants et les chômeurs, avec deux préoccupations : ne pas concurrencer les trois entreprises d’insertion du quartier et faire levier pour des projets d’activités pour elles.
Nous avons des personnes avec beaucoup de compétences et de nombreux jeunes qui n’ont jamais travaillé – 50 % de moins de 25 ans. Parmi nos atouts, le dynamisme du quartier et une série de partenaires – un avocat, un cabinet de consultants, une start-up qui a fait le profil des demandeurs d’emploi… – qui nous aident bénévolement. Une vraie chance. »

« Le tourisme, notre atout »

Thierry Pain est le directeur de l’entreprise à but d’emploi de Mauléon (Deux-Sèvres).

« On démarre. On va vite intégrer une quarantaine de personnes pour arriver à soixante-dix salariés à la fin de l’année. Notre entreprise va s’appeler l’ESIAM (Entreprise solidaire d’initiatives et d’actions du Mauléonais). A l’intérieur, on scinde : six groupes de personnes et six groupes d’activités – gestion de l’entreprise elle-même, services à la personne, espaces verts…
Maintenant qu’on a une carte de visite, on va re-solliciter les entreprises. On les a déjà démarchées mais elles préfèrent toujours savoir à qui elles parlent. On va commencer par travailler pour la mairie. On doit réouvrir un camping pour l’été. Je ne m’inquiète pas, on a les compétences avec des gens qui ont eu des affaires dans la restauration.
Beaucoup de personnes demandaient au début des temps partiels. Quelques heures par semaine pour reprendre le rythme, disaient-elles. Manque de confiance ? Je ne sais pas. Aujourd’hui beaucoup s’interrogent sur un plein temps.
Avec les autres territoires historiques, même si chacun a ses spécificités, on échange beaucoup. Pas question de concurrence entre nous. Les atouts de notre territoire ? L’attrait touristique, avec la proximité du Puy du Fou et les guerres de Vendée, et le fait que l’agglo soit Territoire Zéro déchet, ce qui va générer des activités. »

Propos recueillis par Véronique Soulé

Pour en savoir plus

Allez sur : www.zerochomeurdelongueduree.org
Et sur twitter : @ZeroChomeurLD

La définition

Un chômeur de longue durée est une personne privée d’emploi, ou en activité réduite, depuis plus d’un an.

Le chiffre

2,41 millions
C’est le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en France métropolitaine depuis plus d’un an, au 30 octobre 2016.

Retour sur

L’expérimentation
Elle consiste à proposer à des chômeurs de longue durée des CDI payés au Smic, correspondant à des emplois utiles identifiés sur les territoires, qui seront en grande partie financés par le transfert des coûts et des manques à gagner liés au chômage (RSA, CMU, etc).