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« Surtout ne pas galvauder l’image d’ATD Quart Monde »

Laurent Ferrari, allié du Mouvement et directeur des relations clients à ERDF, l’entreprise publique qui gère la distribution d’électricité, siège au comité d’éthique financière depuis sa création en 2011. Il témoigne.

Comment fonctionne le comité ?

Nous sommes un petit groupe d’horizons divers, volontaires permanents, alliés, retraités, jeunes. Nous nous réunissons 3-4 fois par an, des réunions régulières et d’autres convoquées pour examiner une proposition de financement sur laquelle on doit se prononcer vite. C’est le cas lorsque des volontaires d’une région du monde nous interrogent, car ils hésitent devant une fondation qui propose de les aider mais qui est liée à une activité discutable.

Comment se déroulent vos réunions ?

Elles ont lieu généralement entre midi et deux heures au siège à Montreuil, et l’on partage un casse-croûte. Au-delà de nos différentes visions, nous avons noué une relation de confiance. Souvent, chacun commence par dire ce qu’il pense. A la fin, nous devons trouver un consensus pour décider si l’on accepte ou non.

Selon quels critères jugez-vous ?

Nous étudions en quoi la proposition de financement d’une entreprise est conforme aux valeurs du Mouvement. Ce n’est pas si simple. Parfois cela donne lieu à des discussions compliquées. Pour cela, on regarde la réputation de l’entreprise. On vérifie si elle a été condamnée dans des scandales financiers ou autres, comment elle traite ses salariés, si ses sous-traitants n’exploitent pas des enfants, si elle respecte l’environnement… Nous avons par ailleurs décidé de ne pas accepter des financements d’entreprises d’armement.

Dans quel esprit siégez-vous ?

Je viens avec un double regard. Je travaille depuis une trentaine d’années dans mon entreprise. Je connais bien son fonctionnement, les règles du jeu, la concurrence…Je viens aussi avec ce que je sais des familles vivant dans la pauvreté. J’ai en tête les valeurs d’intégrité, de cohérence, la promotion des plus démunis. Il faut aussi une dose de pragmatisme car le financement d’ATD Quart Monde est vital.

Vous recalez souvent des projets ?

Un sur cinq peut-être. Il est difficile d’accepter des entreprises qui ne paient pas leurs impôts ou qui s’installent dans des paradis fiscaux… Face à une proposition dont on ne comprend pas bien la finalité, on voit si l’on ne connaît pas un allié à l’intérieur qui l’appréhenderait mieux. Il faut surtout éviter qu’une entreprise tire profit du nom d’ATD Quart Monde, que l’on écorne ce que le Mouvement représente et qu’on le galvaude.

Recueilli par Véronique Soulé