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Spectacles en appartement : culture à tous les étages

Barbara Bordier lit Les effarés en ouverture du spectacle de Céline Caussimon (ph. JC Sarrot)

« Les pauvres ont d’abord besoin de manger. »
FAUX !

Depuis trois ans, des spectacles sont organisés dans le quartier des Gauchetières à Nogent-le-Rotrou. Une initiative d’artistes et d’habitants convaincus que la culture est vitale pour tous.

Andrée Lheureux, une des premières à avoir tenté l’expérience, s’en souvient encore : « Jamais autant de personnes n’avaient sonné chez moi dans une même journée ! » Chaque fois, le principe est le même : un artiste est invité chez l’habitant, qui a débarrassé son salon et l’a décoré avec le plasticien Régis Dudé pour le transformer en une petite salle de spectacle capable d’accueillir 20 à 30 voisins et amis. La famille choisit un texte qu’elle présente en ouverture. Ce 21 juin 2014, Barbara Bordier a lu Les effarés d’Arthur Rimbaud(1). « Ce poème m’avait marquée à l’école primaire », se souvient-elle. Ensuite, une heure durant, Céline Caussimon et Étienne Champollion ont présenté une douzaine de chansons vives et drôles écrites et composées par Céline. Une heure pendant laquelle chacun a été transporté dans un autre univers visuel et poétique… sans quitter l’appartement de Barbara.
« L’idée est aussi de mettre en valeur les lieux où l’on vit et de les rendre beaux », explique Sabine Rosnay de l’association « Passages », qui a imaginé il y a trois ans ce projet « App’art à Nogent », avec une équipe ATD Quart Monde(2). Ses objectifs : l’art en appartement, l’art partagé, par tous les âges et à tous les étages ! « Les personnes qui n’ont pas accès à la culture de manière « héréditaire », continue Sabine, ont plus de facilité à aller vers elle quand elles peuvent rencontrer des artistes et faire vraiment connaissance. Cela donne envie à tous de se rencontrer à nouveau. »
Chacun a soif de culture, Sabine peut en témoigner : « Andrée, Barbara et d’autres habitants du quartier sont venus voir un jour un spectacle que je donnais au Mans autour de textes du poète Henri Michaux. Je n’oublierai jamais le pétillement de leurs regards quand la lumière s’est allumée. »
Barbara le confirme : « On a besoin de côtoyer des personnes qui nous comprennent. » Elle s’est inscrite il y a quelques mois dans une chorale, comme d’autres voisins. « Quand la vie est difficile, la musique apaise », dit-elle.
Ce 21 juin, une belle rencontre s’est donc produite grâce à la poésie et à la musique. Mais aussi avant et après le spectacle, autour d’un déjeuner et d’un goûter partagés avec Céline Caussimon et Étienne Champollion. Céline aime les expériences comme celle-ci, « en direct du producteur au consommateur », comme elle dit en riant. Elle anime également des ateliers d’écriture avec des personnes de tous milieux, pour que chacun ait la chance de créer à son tour.
JCS

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Étienne Champollion et Céline Caussimon, le 21 juin 2014 chez Barbara.

Parfois, les accueillants lisent un poème écrit ensemble lors d’un atelier poétique et qui les raconte. Voici ce qu’a écrit Pascale, la première personne qui a ouvert ses portes au projet « App’art à Nogent » :
Vous pouvez dire tu à moi
et moi je dis vous à vous
Moi c’est Pascale
et demain c’est aujourd’hui
aujourd’hui y a pas Denise
avec sa petite valise
où elle met le futur et le passé
mais y a moi et dans ma valise
il y a tout
il y a moi
tous mes secrets à moi
l’histoire des six enfants du bûcheron
et de la rouquine
l’histoire de Benoît le Gentil, Elodie la Têtue, Jennyfer la Débrouillarde et Baptiste avec ses poules…
Vous pouvez dire tu à moi
et moi je dis vous à vous
Moi c’est Pascale.