Entrez votre recherche ci-dessous :

Soirée théâtre à Dole – Raconter pour résister

Le 2 octobre dernier, la compagnie Artiflette est venue jouer son spectacle « Les copains d’en bas » à Dole dans le Jura.

La soirée, organisée en partenariat avec Cité jeunes, ATD Quart Monde, le centre social Olympes de Gouges/prévention spécialisée et l’équipe du complexe sportif S3 a réuni environ 100 personnes dont une trentaine de jeunes et une vingtaine d’enfants. Elle a été rendue possible grâce au soutien de la Politique de la Ville de Dole.
La moitié du public venait du quartier prioritaire de la ville, les Mesnils Pasteur. Des participants d’ici et d’ailleurs, se sont déplacés d’autres quartiers, villes ou villages alentour, un beau mélange de cultures, de vies, de générations.

Les copains d’en bas  « C’est un spectacle qui raconte notre vie », dit un habitant du quartier des Mesnils Pasteur à Dole.
L’histoire : Ben et Charlotte. la trentaine, ont décidé d’aller habiter dans une cité HLM, pour vivre la fameuse « mixité sociale ».
On les suit dans leurs rencontres avec Assia, la voisine aux couscous fumants, Bachir, l’épicier d’en face qui leur fait crédit, « Casquette » et « Barbichette », des jeunes qui s’installent dans leur cage d’escalier, Keny, une maman malgache pleine de rêves, Djamel, le rappeur, Idriss, un éducateur épris de liberté et de justice…
Jour après jour, entre doutes et convictions profondes, Ben et Charlotte sont ballotés entre de magnifiques moments porteurs de sens et l’immersion de la violence dans le quotidien de la cité.
Le récit de ces rencontres dessine une vérité autre que celle souvent entendue dans les médias, et vient faire écho aux paroles du poète brésilien Guimaraes Rosa, « Raconter, c’est résister ».

De Marseille à Dole, en passant par Dijon, Chalons ou Besançon, « on est sur la même longueur d’ondes » nous disent les spectateurs à la fin du spectacle ou quelques jours après. Pas facile de s’exprimer à chaud quand ce qui est raconté nous touche vraiment, l’émotion était palpable à l’issue du spectacle. Parfois les propos se sont exprimés à quelques jours de distance.

Quelques retours :
Des habitants de quartiers : «  Ce spectacle, c’est la vérité, il y a de la solidarité entre nous, du respect »
« Nous les adultes, on nous donne la parole par les conseils citoyens mais nos jeunes, que vont ils devenir ? ».
« Il nous faudrait plus d’appuis aujourd’hui. Nos jeunes ils veulent du travail, une formation. C’est important des personnes qui les écoutent et ne les jugent pas. » 
« Nos jeunes ont du mal à faire confiance, le respect, ils l’auront si il y a la confiance. »
« Le souci dans un quartier, c’est les jeunes, il faut penser à la nouvelle génération et ne pas attendre que cela se gangrène. »
« C’est important les associations, les centre sociaux, les éducateurs, qui sont avec les jeunes, pour aider à parler des problèmes. Nous, les habitants, on n’est pas assez forts. »

Un enfant quand la question des solutions est posée : « c’est être ensemble ».

Des jeunes : «  J’ai adoré, c’était vivant, ils étaient dans le personnage, ils arrivaient à représenter tous les personnages et retenir l‘attention des gens. » 
« J’ai aimé la forme poétique, c’était sobre avec paroles et musique. Sur le fond, c’est bien que la parole puisse circuler. Il suffit parfois de se parler pour avancer et résoudre les problèmes et déjà pour se connaître »
« Il ne faut pas se leurrer, c’est comme cela dans les quartiers, on ne peut pas dire que cela a changé. Ce qu’il faut : c’est que les quartiers s’ouvrent sur l’extérieur, et que les gens qui n’habitent pas le quartier viennent voir ce qui se passe ici. »
«  C’est notre vie ça, il faut que cela change, qu’on s’occupe de nous. »
« Il faut une ouverture, que les gens sortent des quartiers pour aller voir ce qu’il y a ailleurs, c’est ce que le spectacle voulait dire à mon avis. »
« J’aimais bien car ce qu’ils disent, c’est ce que j’ai vécu chez nous en Afrique. Dans tous les quartiers pauvres, c’est la même chose. C’est à cause du manque de travail que les jeunes font du trafic. Seuls les habitants peuvent parler de cela même si c’est difficile d’en parler, même entre voisins. Ce sont les jeunes des quartiers plus âgés qui doivent parler aux plus jeunes ».

Quelques pré-ados n’ont pas accroché car c’était long, l’un ajoute : « C’est ma vie, je sais cela par cœur… »

Des animateurs ou partenaires : « Il n’y avait pas de censure des mots, des expressions, des inquiétudes. Je me suis retrouvé dans les valeurs qui se sont exprimées. » 
« Cela nous renvoie à l’urgence d’être avec les jeunes et les enfants même si on n’a pas les solutions. C’est tous ensemble qu’on doit chercher. »
« C’est intéressant d’entendre comment devant cette violence chacun réagit. » « Ma question : est-ce que c’est compris par tout le monde car il y a des références ou des sous entendus qu’il faut comprendre ? »

Un élu : « C’était un beau spectacle de qualité, qui mérite d’être vu ailleurs, au sein de ministères  par exemple. »

Pour prendre contact avec la compagnie Artiflette et pour plus de renseignements, c’est par ici.