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Idées Fausses : « Si l’on veut travailler, on trouve » C’est faux !

Faux. Avec 8 à 9 millions d’emplois décents manquants, ce n’est pas si simple.

Le discours « si l’on veut travailler, on trouve » est partagé par 64 % des Français[1]pour plusieurs raisons : pour les plus âgés, c’était vrai il y a des années en France, mais les conditions économiques se sont dégradées au fil du temps ; c’est aussi un moyen pour chacun de garder espoir ou de sauver la face, quitte à surestimer ses capacités[2] ; c’est un discours diffusé par des courants de pensée qui mettent uniquement en avant la responsabilité de l’individu et rarement celle de la société (idées fausses 106 à 111) ; enfin, « trouver un emploi » peut très bien signifier un emploi précaire, ce qui n’est pas une solution de long terme (idée fausse 72).

Or, plus que la volonté des personnes, c’est l’état actuel du marché de l’emploi qui est la cause du chômage. En France à la mi-2019, 3 632 500 personnes sont sans aucun emploi (catégorie A) et 2 255 400 sont en recherche d’emploi et exercent une activité réduite (catégories B et C), soit au total 5 887 900[3]. On peut ajouter deux à trois millions de personnes sans emploi mais non inscrites à Pole emploi (idée fausse 86).

On ne peut donc prétendre qu’il est facile de trouver du travail. De plus, certaines personnes restées depuis longtemps sans emploi ont besoin d’être particulièrement soutenues pour revenir à l’emploi. Le chômage de longue durée (touchant 2,65 millions de personnes à la mi-2019) produit en effet des dégâts physiques et psychiques peu pris en compte[4].

L’ONPES confirme dans son rapport « Penser l’assistance » de mai 2013 que « les personnes en situation de pauvreté espèrent majoritairement trouver un emploi et améliorer leur niveau de vie, tout en devenant autonomes. Toutefois, beaucoup d’entre elles rencontrent des obstacles pour y parvenir : formation insuffisante[5], problèmes financiers, de santé, de logement ou de mobilité, d’enfants à charge…, enfin – et surtout – absence d’emplois accessibles localement. » Elles sont aussi victimes de discriminations à l’embauche (idée fausse 12).

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1] Crédoc, Enquête « Conditions de vie et Aspirations », 2014.

[2] Voir par exemple l’« effet de surconfiance » identifié par les chercheurs D. Dunning et J. Kruger.

[3] https://statistiques.pole-emploi.org/stmt/publication(consulté en août 2019). Les personnes inscrites en catégorie B ont une activité inférieure à 78 heures par mois et celles de la catégorie C une activité supérieure à 78 heures par mois.

[4] Voir M. Debout, Le Traumatisme du chômage. Alerte sur la santé de cinq millions de personnes, Ivry-sur-Seine, Éd. de l’Atelier, 2014 ; C. Halmos, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Paris, Fayard, 2014.

[5] « La formation professionnelle des personnes en recherche d’emploi en 2013 », Dares, Analyses, 2015.