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Session Enfance 2020 : l’écriture, un outil d’une grande importance

La Session Enfance 2020 a eu lieu les 1er et 2 février 2020. 70 personnes engagées depuis plus ou moins longtemps avec ATD Quart Monde dans des actions enfances se sont réunies à Pierrelaye pour partager le temps d’un week-end sur l’importance de l’écriture et du travail d’équipe. Une occasion de rencontres entre animateur.trice.s d’actions enfances en France, de prises de consciences, et de partage d’expériences.

Autour de la table, Annie explique ses difficultés à savoir quoi écrire sur son compte-rendu de bibliothèque de rue. Doit-elle décrire tout ce qu’elle voit, bien que cela semble répétitif et anodin ? François et Paola partagent ses difficultés, en se demandant si ce qu’il se passe autour de leur couverture, dans le quartier, est aussi à rapporter. Et comment écrire un compte-rendu lorsque l’on est plusieurs et que l’on n’a pas tous vu et ressenti les mêmes choses ? Catherine, quant à elle, explique qu’au début, elle détestait écrire, mais maintenant, elle aime le faire, et essaie même d’écrire ses comptes-rendus de façon poétique, en inventant parfois des mots, pour les rendre moins répétitifs.

L’écriture de comptes-rendus est directement intégrée aux actions d’ATD Quart Monde. Celle-ci pose toutefois problème pour certains, et les façons de faire varient d’une équipe à une autre. C’est ce qu’ont pu constater les participants à la Session lors de discussions ou d’un exercice d’écriture, lequel leur a permis d’être plus sensible à la différence entre perception et interprétation et l’importance de bien les différencier. Ils ont pu ainsi constater lors de cet exercice l’importance du croisement des regards lors de l’écriture, car tout le monde ne voit et ne comprend pas la même chose lors d’une expérience partagée.
Le samedi soir, pour se reposer d’une première journée riche en échanges, les participants ont pu retourner en enfance en profitant d’un spectacle de contes et chants offert par Romane Della Gaspera, volontaire en service civique au centre familial de Noisy le Grand.

Écrire pour « attester »

Bruno Tardieu, auteur de Les pauvres sont nos maîtres, est venu parler aux participants le samedi après-midi sur l’importance de l’écriture en partageant ses propres expériences. Écrire, c’est avant tout un moyen d’attester de ce dont on est témoin. En écrivant, on peut témoigner des événements et des conditions de vie que nous pouvons voir au cours de nos actions. Ces écrits permettent de proposer un contre-récit sur les personnes les plus pauvres, d’offrir un récit fidèle à leur réalité qui brise les stéréotypes et auquel ils peuvent s’identifier.
De plus, écrire permet de surpasser son incompréhension en relisant ses notes quelques jours, semaines, voir mois plus tard. En relisant ses notes, on peut constater des évolutions, des changements que l’on ne remarque pas en vivant ce changement graduellement, tous les jours, et l’on peut mieux comprendre certains faits.

« L’écriture, c’est la mémoire »

Véronique Soulé, auteure de De Squat en Squat, une bibliothèque de rue, accompagnée de Catherine Bouliol et Hannah Taylor, est également venue pour partager son expérience sur les bibliothèques de rue de Marseille. La principale bibliothèque de rue, décrite comme très conviviale, comporte une dizaine de personnes dans son équipe. Des liens se sont créés avec les familles, qui les attendent toutes les semaines, et Véronique Soulé rappelle qu’ « on est chez eux » quand on vient s’installer avec nos livres.
Dans les comptes-rendus, « on parle d’une façon bienveillante sur ce qu’il se passe pendant la BDR », explique Véronique. Il n’y a pas d’émission de jugements sur les enfants, simplement des explications sur ce que chacun a vécu avec les enfants. Ce compte-rendu est important pour l’évolution de la bibliothèque de rue : « l’écriture force à un recul, une réflexion, c’est son intérêt. Cela permet de faire avancer la bibliothèque de rue. » Ces écrits ont servi de base pour l’écriture de son livre. Bien qu’elle ne les ai pas utilisés tels quels, ils ont été d’une importance cruciale pour comprendre la démarche et l’état d’esprit de la bibliothèque de rue de Marseille. Avoir cette mémoire des événements lui a été indispensable pour écrire de façon juste.