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Séraphine et Jean-Patrice : « On est des habitants comme les autres »

Séraphine et Jean-Patrice sont « en présence » dans le quartier Langlet-Santy, l’un des plus défavorisés de Lyon.

« Nous faisons équipe avec deux autres volontaires permanents, Elodie et Yves. Originaires de Madagascar, nous sommes arrivés le 1er septembre 2016. Nous venions de Méry-sur-Oise (le siège international d’ATD Quart Monde) où nous avons passé deux ans. Nous habitons dans une résidence tout à côté du quartier.

D’abord nous avons inscrit nos enfants – Xavier, 8 ans, et Andy, 3 ans – à l’école du quartier. C’est l’occasion de rencontrer les parents. Lorsqu’on dépose les enfants, on les croise et on leur dit bonjour. Après l’école, nous nous asseyons au square avec les parents, des mamans le plus souvent.

Tous ces bonjours ont amélioré petit à petit les relations. Aujourd’hui, les gens nous saluent et viennent vers nous. Avant, c’est nous qui allions vers eux.

Ballon

Ce n’est pas si simple de s’intégrer. Des groupes sont déjà constitués : des personnes habitant la même tour, ayant la même origine… Dans le quartier, il y a beaucoup de nationalités et de cultures différentes (Maghrébins, Turcs…), une population largement musulmane.

Quand on est dans le quartier, on emmène des ballons. On y joue avec nos enfants et avec d’autres. Xavier vient à vélo et le prête à des camarades de classe.

Les mardi et mercredi matins, l’école propose un Accueil parents. Une dizaine de mamans viennent. Elodie anime le groupe. On discute de ce qui s’est passé à l’école. On fait des gâteaux, des crêpes, que l’on vend pour financer une sortie scolaire. Les mamans préparent de la soupe ou des repas pour les famille qui vivent dans la rue et dont les enfants sont à l’école.

Séraphine y va le mercredi. Car le mardi, elle a cours de français au centre social installé au pied des tours. L’occasion de rencontres. Le mercredi après-midi, elle participe avec Andy, dans le square, à l’atelier Peinture de l’association Art et Développement. Encore une opportunité de rencontres.

Square

Nous faisons aussi du colportage, c’est-à-dire que l’on amène des livres ou des jeux à des familles. Parfois on les lit quand on nous le demande. On l’a fait récemment chez une famille qui a du mal avec le français que Séraphine connaissait. Elle aide à remplir des chèques et à lire les mots de l’école.

La présence, c’est cela : des rencontres gratuites, se lier avec des personnes. Au square, on s’est aperçu que la confiance s’installait. Des parents laissent leurs enfants descendre jouer avec les nôtres car ils savent qu’on est là.

Un jour, un papa a proposé à Jean-Patrice d’aller se promener pour discuter. Il lui a demandé :  » Mais pourquoi on parle toujours que des enfants ? Et la place des hommes ? « . Jean-Patrice a parlé avec un autre qui ne sort jamais et il lui a demandé pourquoi.  » Parce qu’il y a beaucoup de femmes « , a-t-il répondu. Il faudrait peut-être constituer un groupe d’hommes pour réfléchir à des thèmes.

Rencontre

En route, chacun construit sa mission. On est là, on est des habitants comme les autres. Même si ce n’est pas simple d’expliquer ce qu’on fait aux gens.

S’implanter dans un lieu par la présence est un objectif à long terme. Nouer des relations, comprendre le quartier et ce que vivent les habitants, les amener à aller vers la rencontre au centre social, à l’Accueil parents …

Nous n’en sommes pas encore à mettre en place des projets, des actions. Cela viendra peu à peu. Avec Yves et Elodie, nous pensons être plus présents dans le quartier en août, lorsque les organismes ferment. Cela nous éclairera sur les besoins des habitants. Etablir des liens, bâtir la confiance, comprendre les besoins, tout cela prend du temps. «