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Santé, prison, grande pauvreté : « une triple peine »

Le laboratoire d’idées Santé d’ATD Quart Monde s’est penché sur la question de la « santé des prisonniers et des familles ». Le travail s’est construit autour du ressenti et de l’analyse des personnes en situation de précarité et des constats des professionnels. Dans un rapport intitulé Santé, prison, grande pauvreté: une « triple peine », les participants à cette étude ont mis en évidence les mécanismes de vie qui permettent de survivre en prison et ceux qui abîment les individus ne leur permettant plus de se réinsérer. Les familles des prisonniers alertent également sur les risques de destructions des individus liés à l’isolement qui provoquent alors la violence comme seule expression.

En prison, une surreprésentation des plus pauvres

Aujourd’hui la population carcérale se caractérise par une surreprésentation des catégories sociales les moins favorisées, avec un cumul fréquent, en amont de l’incarcération, de difficultés socio-économiques et de santé. L’état de santé de la population carcérale est jugé préoccupant et nécessite un suivi et une prise en charge qui devraient être élargis au-delà de l’incarcération. En effet, la mortalité des ex-détenus dans les cinq ans suivant la libération est 3,6 fois supérieure à celle de la population générale française . Les passages à l’acte de suicide ou de tentative de suicide sont surreprésentés en prison ainsi que les manifestations anxieuses et dépressives liées à l’incarcération.

Des corps marqués par la misère

Pour beaucoup des participants, en prison ou hors de prison les corps sont marqués par la misère et les maladies invalidantes sont nombreuses ( diabète, maladie cardiaque, pneumopathie, troubles articulaires etc…). Afin de mieux connaître l’état de santé et déterminer les besoins en matière de santé des personnes en prison, l’équipe s’est interrogée sur les mauvaises conditions de santé des détenus au moment de leur incarcération. Même s’ils sont maintenant bien réinsérés, leur histoire carcérale redite au moment de cette étude a fait resurgir des souffrances insupportables: violence du corps, mal-être, maladies invalidantes, rupture des liens entre les prisonniers et leur famille, autant de blessures nécessitant des prises en charge et un suivi pour leur permettre de trouver et développer les capacités pour participer à ce travail.

Promouvoir la santé tout au long de l’incarcération

Les participants ont développé des préconisations croisées avec celles des professionnels pour développer la promotion de la santé tout au long du parcours. Aucun n’a pu bénéficier lors de son incarcération ou lors de celle d’un proche de programmes de promotion de la santé. Ils ont plutôt évoqué pour beaucoup les conditions de ce qu’ils qualifient d’hospitalisation, c’est à dire ces temps de pause, d’accompagnement médical de leur mal-être qui leur évite de basculer dans la violence. Des propositions en ce sens ont été faites par des professionnels pour adosser des maisons d’accueil spécialisée (MAS) ou des foyers d’accueil médicalisés (FAM) aux prisons où il serait possible d’adjoindre du personnel de santé et médico-social aux professionnels de sécurité pour que leurs qualités se complètent.

 

Télécharger le rapport Santé, prison, grande pauvreté : « une triple peine » (2019)