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La santé : un droit pour tous ? Débat à l’Université Populaire Quart Monde à Reims

Un samedi après-midi en Champagne-Ardenne… des membres et amis d’ATD se sont retrouvés à Reims pour une Université Populaire Quart Monde sur ce thème. Venant de Reims, Troyes, Châlons, ils avaient réfléchi aux situations qui conduisent à une mauvaise santé. Ils ont présenté leur travail sous forme de « balade médicale », et le terme avait un double sens, car « la santé, c’est aussi se faire balader » avaient-ils noté.

Les participants ont donc assisté à une série de tableaux vivants qui les a conduits à débattre de tout ce qui conduit à une mauvaise santé : les problèmes de logement, d’argent, de travail… les lourdeurs administratives… l’isolement, l’éloignement des lieux de soin… les dépassements d’honoraires… la détresse qui s’installe…

Ils ont réfléchi ensemble aux conditions pour que la santé soit un droit effectif pour tous.

Des textes existent, et le Mouvement ATD Quart Monde a contribué aux travaux pour la mise en place de la CMU-C. Mais plusieurs témoignages confirment que les obstacles sont encore trop nombreux, conduisant au découragement et à la mauvaise santé.

Première étape : l’alimentation. Si on ne va pas bien, si on est seul, si on manque d’argent… comment manger 5 fruits et légumes par jour ? On mange mal, ou on ne mange pas… à n’importe quelle heure, en sautant des repas… surtout si on vit seul. Forcément, cela finit par avoir des conséquences sur la santé, et c’est le début des difficultés.

Seconde étape : le dossier à remplir. Cela ressemble à un parcours impossible. Une personne te reçoit dans un bureau, vérifie les pièces de ton dossier, tu rentres chez toi soulagé… et quelques jours plus tard, un courrier te renvoie ton dossier incomplet, demandant une pièce dont on ne t’a jamais parlé dans le bureau. Bien sûr, ces allers-retours de dossiers peuvent durer longtemps. Pas facile de garder son calme, et de persévérer, alors que l’urgence de soin est bien présente. Une militante n’hésite pas : « il ne faut pas partir des bureaux sans être sûr que tout est complet ».

Seconde étape : l’accès aux lieux de soin. Quand on est isolé, le plus important c’est vraiment de pouvoir se soigner. Les voisins ne sont pas indifférents… mais préoccupés par leurs propres activités, et trop de personnes se retrouvent sans moyen de transport pour aller en consultation, à l’hôpital.

Troisième étape : le coût des soins. Quand un médecin annonce qu’il « ne prend pas la CMU » c’est une double humiliation. Certains médecins ne se gênent pas pour proposer des rendez-vous plus rapides… moyennant paiement en espèces. Et cela peut représenter presque la moitié d’un salaire ; comment décider alors que la santé est en jeu ? La question du coût touche aussi les médicaments ; la CMU-C ne permet pas de payer les dépassements d’honoraires ou les médicaments non remboursés. Le recours à des mutuelles complémentaires peut être très coûteux.

Alors on s’échange les « bons plans », les « bonnes adresses » pour se soigner avec peu d’argent. Mais ça ne devrait pas être un marché, tout le monde devrait pouvoir accéder aux soins.

Dernière étape : le cumul de toutes les difficultés peut conduire à renoncer aux soins. Pas d’argent, trop de problèmes administratifs, la colère, parfois des revenus tout juste au-dessus du seuil pour le droit à la CMU… C’est la détresse qui entraîne vers la maladie, qui accentue l’isolement… et on perd courage.

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Les étapes de cette balade médicale n’étaient pas de tout repos… mais elles ont permis de témoigner, d’échanger des idées, et de réfléchir au moyen d’approfondir ce sujet. Ainsi le groupe travaillera à nouveau sur ce sujet en janvier, cette fois avec un invité.