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Salauds de pauvres !

Salauds de pauvres !

Cet ouvrage démonte les idées reçues sur les minima sociaux de manière très pédagogique et convaincante. Il développe aussi de nombreuses propositions pour instaurer un État d'investissement social : « Après l'État providence qui répare, place à un État social qui investit ».

Pour en finir avec le choix français de la pauvreté

« La question de la pauvreté est trop grave pour se laisser guider par l’émotion » affirme l’auteur dès l’introduction.

Il recense d’abord les arguments d’une certaine propagande populiste : les responsables des difficultés que rencontre le modèle social français sont les assistés. Ce postulat pouvait alors se décliner facilement : le montant des minimas sociaux est trop élevé ; on gagne plus avec les aides sociales qu’en travaillant ; l’aide sociale française est la plus généreuse en Europe ; la fraude menace notre modèle social, etc…

Les causes réelles de la crise et de la dégradation de l’État-providence sont complètement occultées par ces arguments, aux allures d’évidences. Le résultat de cette démagogie permet ainsi d’opposer les travailleurs pauvres et les exclus, ceux qui se lèvent tôt et les chômeurs, les méritants et les assistés.

Benjamin Griveaux s’attelle à démonter ces caricatures dans la deuxième partie de cet essai. Il montre en particulier que, s’il y a échec de l’État social, il est en partie la conséquence des politiques successives, de droite et de gauche, qui ont « fait le choix français de la pauvreté ». Il pose alors cette question : quelle peut être la place de l’homme pauvre dans une république construite sur les droits de l’homme et sur la solidarité ?

Dans la dernière partie de l’ouvrage, sans doute la plus inventive, l’auteur avance six mesures pour instaurer un « État d’investissement social », basé cette fois sur la solidarité et non la charité :
– Faire varier le montant des minima sociaux en fonction du lieu de vie.
– Instaurer un capital de départ pour chaque individu et en finir avec « la pauvreté en héritage ».
– Prévenir les situations de surendettement en créant un service public de crédit.
– Établir un plan de développement des structures d’insertion par l’activité économique.
– Renforcer l’employabilité des demandeurs d’emploi par un accompagnement social.
– Considérer le handicap social en adaptant des structures d’aide à l’insertion selon les aptitudes des personnes concernées.

Le sous-titre paraît alors tout à fait justifié.

Jean-Pierre Touchard

Fayard – 2012 – 168 p.