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Retrouver un travail et revivre

Les entreprises à but d’emploi (EBE) créées dans le cadre de Territoires zéro chômeur de longue durée, recrutent. Le journal d’ATD Quart Monde est allé rencontrer les salariés de deux EBE : TEZEA à Pipriac (Ille-et-Vilaine) et La Fabrique à Bulligny (Meurthe-et-Moselle). Dossier réalisé par Véronique Soulé

 » Depuis que Tezea a été créé en janvier, il n’y a pas eu un seul retard, pas une absence non justifiée et aucun chantier n’a été abandonné  » : Guillaume Bonneau et Serge Marhic sont les deux co-directeurs de TEZEA, l’entreprise à but d’emploi de Pipriac. La preuve est faite que contrairement aux clichés, les personnes les plus éloignées de l’emploi veulent travailler et qu’elles en sont capables.

Guillaume et Serge prennent une petite pause pour le déjeuner. En réalité, leur portable ne cesse de sonner. C’est la reprise de l’après-midi. Le planning a été modifié ce matin et il faut vérifier que les uns et les autres ont bien noté les changements. Ce qui n’est pas évident.

 » Aucune semaine se ressemble, sourit Guillaume, comme toutes les EBE, TEZEA est une entreprise multiactivité avec des salariés qui font aussi de la multiactivité et c’est sans précédent. On avance, on cherche un mode d’organisation, on jongle, on se donne le droit à l’erreur.  »

Défi

Le territoire de Pipriac-Saint Ganton fait partie des  » historiques  » partis en éclaireur dans le projet Territoires zéro chômeur de longue durée. Son entreprise à but d’emploi, baptisé TEZEA, comptait 33 salariés à la mi-avril. Ils devraient être 38 début mai et tourner autour de 65 à l’été. Des chiffres qui donnent la mesure du défi.

Quasiment tous les  » territoires expérimentateurs  » (lire p.5) ont lancé leur entreprise à but d’emploi (EBE). Mi-avril, près de deux cents personnes, anciens chômeurs de longue durée, avaient été recrutées. Toutes en CDI, payées au SMIC, à temps complet pour la plupart et à temps partiel pour celles qui préfèrent.

Partout on fait à peu près le même constat. Les activités utiles, non réalisées car non rentables, ne manquent pas et les entreprises ainsi que les collectivités locales jouent le jeu en demandant des services aux EBE.

A La Fabrique par exemple, l’EBE de la Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois (lire p.6), quatre pôles d’activités ont été constitués : la recyclerie où les salariés donnent une seconde vie aux objets mis au rebut, les travaux forestiers autour du bûcheronnage, la valorisation du territoire (entretien de vergers, maraîchage) et le parc matériel d’animation de la Communauté de communes. D’autres sont prévus – conserverie, services à la personne…

Dentelle

Pour respecter les contraintes du projet, on doit faire dans la dentelle. L’EBE doit recruter toutes les personnes privées d’emploi volontaires, sans les sélectionner, après leur avoir demandé ce qu’elles savent faire, ce qu’elles aiment faire et ce qu’elles ont envie d’essayer. En même temps, après avoir identifié les travaux locaux utiles, elle doit les faire correspondre aux voeux des salariés.

Pour corser l’affaire, les activités doivent être situées dans le territoire retenu pour l’expérimentation, et en aucun cas elles ne doivent prendre du travail à des firmes existantes. Il s’agirait sinon d’une concurrence déloyale car les emplois dans les EBE sont subventionnés – financés aux deux tiers par le transfert des coûts liés au chômage.

Pour mieux comprendre ce qui se vit dans ces entreprises où il n’y a pas de hiérarchie ni d’encadrement classique, où des personnes hier encore exclues du monde du travail ont toute leur place, le journal d’ATD Quart Monde est allé sur le terrain. Il laisse la parole aux salariés, au coeur de cette aventure inédite.

Véronique Soulé